Ah, la suite tant attendu de la saga mythique ! Ah, le retour des iconiques Luke, Leïa, Han et Chewbacca ! Ah, le retour au sources, à la trilogie originale, après un préquel plutôt moyen ! Mais, fans naïfs, ignoriez-vous que, si la prélogie s'est vautrée, c'est parce qu'elle obéissait à la logique commerciale des grandes sociétés de production ? Pensiez-vous qu'avec Disney, ce serait différent ?
Trêve de mélodrame. Le premier obstacle sur la route de la postologie, c'était sa mission de continuer une histoire déjà terminée dans le VI, avec la mort de l'empereur et l'anéantissement des siths. Ceci dit, dans un univers aussi riche que Star Wars, il était possible de trouver un autre antagoniste, (les syndicats du crime, une puissance extra-galactique, par exemple). Mais c'était visiblement trop dur pour JJ, alors il se contente de nous ressortir une espèce d'Empire au rabais, dont on a du mal à cerner l'exacte nature. Le Premier Ordre ressemble à un mouvement révolutionnaire contestant le pouvoir de la Nouvelle République, mais on ne connaît pas son idéologie et ses soldats ont l'air d'être là par obligation... Et surtout, comment une armée disposant d'autant de moyens à pu se développer sans réaction du pouvoir républicain ? Sinon, du point de vue des leaders, nous avons un mauvais clone de Dark Vador (c'était trop audacieux d'inventer un autre type de méchant), un clone de l'Empereur sans capuchon et un amiral, dont la seule particularité est d'être roux.
Le pire, dans cet épisode, c'est que dès le début on comprend deux choses :
1. Ce qui a été accompli dans la trilogie originale n'a servi à rien ; il y a de nouveau des siths, de nouveau des stormtroopers, de nouveau des rebelles en infériorité technique et numérique, de nouveau plus de jedis.
2. Les scénaristes ne savaient pas eux-mêmes dans quel état se trouve leur univers. On nous parle d'une Nouvelle République, mais on ne sait pas ce qu'elle fait, on nous parle d'un Premier Ordre, mais on ne sait pas d'où il sort, on nous parle d'une Résistance, mais on ne comprend pas pourquoi ce n'est pas juste l'armée républicaine.
Au milieu de tout ce désordre, l'intrigue se fraye péniblement un schéma, en reprenant EXACTEMENT le même canevas que l'épisode IV. Avec de la surenchère : au lieu d'une planète détruite, c'est cinq, au lieu d'une base de la taille d'une lune, c'est une planète transformée en base, etc. Les seules innovations sont
1. Le personnage principal est une femme, mais ne vous attendez pas à ce qu'elle ait une personnalité, en dehors d'être encore plus douée qu'Anakin.
2. Il y a un stormtrooper déserteur chez les héros, mais, comme il est noir de peau, il fallait ABSOLUMENT en faire un personnage comique, sous peine de choquer les racistes, nombreux aux États-Unis.
3. En plus de détruire la base destructrice de planète, la mission consiste à retrouver Luke, qui a fugué sans raison. Bien qu'il ne désire pas être retrouvé, il a laissé une carte qui indique son repaire. Donc, il semblerait que notre fringant jedi ne soit pas seulement vieux, mais aussi sénile.
Tenez, en parlant de vieux, le film se fait un malin plaisir à nous exhiber Han et Leïa tout fripés, mais dont la vie est redevenue la même que dans le IV : Leïa dirige une armée non-officielle, Han est un contrebandier et ils sont célibataires. À la poubelle, l'évolution de Han et l'histoire d'amour principale de la saga ! De surcroît, ils ont perdu tout leur charisme. Heureusement pour l'image qu'on a de lui, Han met à cette déchéance en mourant transpercé par Dark Vador au rabais...qui est le fils que lui a donné Leïa ! Ah, ces Skywalker, ils sont incorrigibles ! Ils peuvent pas s'empêcher de faire des drames familiaux ! Non, sans plaisanter, vous n'aviez rien d'autre en stock ?
Ajoutons aussi que Rey est littéralement le Messie de la Force, vu la facilité extrême avec laquelle elle pratique les arts jedis. Évidemment, c'était trop ennuyeux de montrer un héros qui galère, qui s'entraîne et qui se perfectionne : on veut du fun !
Avec des bases aussi mauvaises, un tel manque d'originalité, il était déjà perceptible que cette trilogie était vouée à l'échec. Abrams a voulu éviter à tout prix quelque chose qui ressemblerait à la prélogie que les gens avait fortement critiquée, mais en vérité, son film accentue les défauts déjà présents : une histoire boiteuse, un héros surdoué, des personnages peu attachants, des scènes d'action de plus en plus abracadabrantes, la Force qui fait de plus en plus tout et n'importe quoi... Par hantise de décevoir les fans, le film s'interdit d'être autre chose qu'un mix entre les épisodes IV et VI (déjà que dans celui-là, l'Étoile Noire 2 puait la solution de secours !).