Cette année pour chaque grosse sortie les cinémas et le médias faisaient le décompte des entrées, histoire d'avoir un chiffre pour déterminer lequel aura été le plus grand coups de poing de 2015. On nous a fait le coups avec Avengers, Spectre, Mad Max et autre Mission Impossible, faisant des chiffres un véritable argument de vente. Mais derrière ces chiffres il y avait pour beaucoup de monde une petite voix qui disait : "2015 n'est pas fini. Le meilleur sera pour la fin !"
"There Was an Awakening. Have you felt it ?"
Avec un budget hollywoodien gargantuesque assez habituel pour de telles productions, le plus étonnant aura été d'apprendre que près de la moitié du budget est parti en markeeting.
Star wars est partout, des jouets aux vignettes, des sachets aux gâteaux et j'en passe. Star wars est si omniprésent dans notre société de conso que lorsque la bande annonce nous demande si l'on a ressenti son réveil, je ne peux m'empêcher de me demander qui peut bien être passé à côté. Il en aurait presque de la chance tant on peut friser l'overdose.
Le truc c'est que Star Wars est passé chez Disney et l'entreprise aux grandes oreilles est aussi connue pour ce coté formidablement mercantile et prolifique en produits dérivés. Certes, la saga n'a pas attendu Disney pour faire vendre des produits mais là on a atteint quand même des records.
Et la véritable Force finalement dans tout ça, c'est d'avoir réussi à entretenir quelque chose, à créer un mythe.
Star Wars VII a été en partie distillé toute l'année, faisant l'évènement avec des petits riens pour entretenir les plus impatients. Avec sa gammes de jouets, les nouveaux personnages étaient même connus avant le film et ce dernier est peut-être même devenu culte avant sa sortie. Les fans ont été caressés dans le sens du poil, attirés comme les enfants du Joueur de flûte de Hamelin.
Un véritable coups de maître markeeting pour vendre un produit dont finalement personne ne savait rien. Il suffisait de lire les articles sur les réservations de places aux Etats-Unis et autres débordements du genre pour se rendre du compte des proportions que prenaient la simple sortie d'un long métrage à l'échelle mondiale .
Mais face à tout ce mouvement je ne pouvais que me poser une question, à l'instar des héros de "Fanboys" (2009)
"Qu'est-ce qui arrive si le film est nul ? - Fanboys (2009)"
Je suis aussi un adepte de la saga et je fais partie des rares qui ont su apprécier les qualités de la prélogie malgré ses défauts évidents. Si je ne me suis pas davantage penché sur l'univers étendu je peux quand même dire que je connais Star Wars.
Or si les informations donnés petit à petit et la bande annonce m'ont clairement mis en appétit j'ai eu de nombreuses fois la même inquiétude : est-ce que ça n'allait pas être juste un film fait par un fan, pour les fans ?
JJ Abrams a refusé les idées de G.Lucas (le grand monsieur de Star wars, quand même) et a préféré que la saga s'en émancipe totalement pour pouvoir créer son propre scénario, sa propre histoire.
Sa propre histoire ? vraiment ?
Dés le début mes inquiétudes se confirment et s'empirent même : un rebelle donne à un droïde des données qu'il doit protéger de l'Empire (le Premier ordre, pardon) et le film s'ouvre sur un assaut de ce dernier qui élimine leurs opposants sur la base : j'ai déjà vu ça.
L'ouverture de Star Wars VII n'est ni plus ni moins que celle de Star Wars IV et il me faudrait de nombreux paragraphes pour dire à quel point le reste du film m'aura aussi donné cette impression désagréable de réchauffé, surtout vis à vis de ce même épisode dont il reprend pour ainsi dire tous les grands axes.
JJ.Abrams s'est peut-être bien considéré comme un pilleur d'épave à l'instar de son personnage Rey, voir d'un collectionneur d'ordures comme son personnage FN (en français ça aura été pour moi l'une des meilleures blagues du film) : il est parti des anciennes trilogies, la première surtout, pour en reprendre les pièces et assembler un truc nouveau. Sauf que dans ces cas là ce n'est pas "créer" mais "bricoler" quelque chose, non ? Je ne mets pas au micro-onde un plat de grand chef pour me faire passer pour un cordon bleu. Ce film c'est un remake, un reboot inavoué.
Kylo Ren reprend le rôle de Darth Vader et on nous sert même un remplaçant de l'empereur (même si on a du mal en tant que spectateur à imaginer d'où il peut venir, après avoir vu l'ancienne trilogie MAIS ce n'est pas le seul truc un peu dur à digérer). Quand au Nouvel Ordre ? c'est l'Empire déguisé et ça tombe bien parce que nous avons gardé les rebelles ! Même les planètes, pourtant nouvelles, renvoient invariablement à ce que nous connaissons déjà - contrairement à ce que le polémique et grand monsieur Geaorge Lucas avait su faire avec sa prélogie, donc.
Et comme beaucoup de productions en manque d'inspiration, le film comble ses failles en mettant de l'action à tout va.
Aussi, chaque fois qu'il est l'occasion de se poser un peu, que les choses se tassent après avoir accompli (ou non) quelque chose c'est un peu la même rengaine : le Nouvel Ordre ou autre chose attaque et c'est la fuite vers l'avant. Ça donne au final l'impression que nos protagonistes ont une chance extraordinaire puisque arrivant toujours là où ils doivent être.
Je ne mets pas ces deux productions sur un même niveau mais franchement ce genre de construction m'a fait penser au film "2012" (2009) et ça c'est vraiment moche.
Restent les personnages, pour lesquels les critiques semblent partagés. Moi je ne m'y suis pas attaché pour deux raisons surtout je pense : ils renvoient trop à d'anciens personnages (encore ce coté réchauffé qui m'a tant déplu) et l'action ne permet pas de s'y prendre d'affection. On ne se pose pas avec eux, comment les apprécier vraiment ?
Même la mort d'un personnage ne m'aura pas tant touché, et pourtant ce n'était pas n’importe quel personnage.
Kylo Ren ressortait un peu, au début. Je lui trouvais un coté bestial dans sa façon de se tenir, comme un prédateur dont les muscles se tiennent prêts à se tendre. Il y avait vraiment quelque chose dans le jeu d'acteur et corporel du personnage. Le mythe s'écrase lamentablement lorsqu'il retire son casque et on lui sent déjà toutes les questions qui vont faire le reste de la trilogie.
Ça, c'est sans doute l'un des points les plus noirs également : c'est une trilogie annoncée, certes, mais est-il nécessaire de tellement renvoyer les choses à plus tard ? Ce film, comme beaucoup de grosses productions aujourd'hui, se construit comme un appel généralisé à venir voir des suites comme une énorme introduction à quelque chose ou même pire : une énorme publicité. On paye pour ça, est-ce qu'on a pas le droit à un peu plus d'aboutissement ? Il faut croire que nous sommes à l'ère de films-bande-annonces pour consommer toujours plus mais jamais mieux.
"It's a trap" !
Ce que je ne savais pas à propos de la réalisation, c'est que monsieur Abrams désirait tant repartir sur des effets à l'ancienne, minimisant le numérique. Ça se ressent vraiment et ça fait un bien fou.
Aussi si je ne peux que critiquer au niveau de l'écriture, je ne peux que saluer au niveau de l'image : les batailles sont magnifiques sans aller dans la surenchère. Même les combats au sabre laser retournent à quelque chose de plus brut, de moins chorégraphié et il s'en dégage une force, un truc vraiment prenant (mention spécial pour ce combat dans la neige des plus bons effets).
JJ Abrams travaille sa lumière comme jamais et propose entre plusieurs scènes beaucoup de tableaux que l'on prendrait plaisir à admirer plus longuement.
Finalement JJ Abrams réussit là où Lucas décevait dans sa prélogie et offre une image, une photographie sans abuser du tout-numérique d'une authenticité folle et admirable.
Dommage qu'un tel travail ne soit pas constaté sur les autres éléments de ce film, car il aurait eu tout d'un chef d’œuvre. Tel quel, et malgré sa photographie à couper le souffle, ce film reste pour moi une déception, un instrument hyper markeeting qui a pêché en voulant tant caresser les fans de la première heure sans véritablement parvenir à se dégager de cette ambition seule.
Avec une telle proportion de fans inconditionnels, c'est clair qu'il y avait de quoi faire du chiffre, mais la prochaine fois j'espère que la production aux grandes oreilles fera un peu plus qu'un immense piège à souris.