S'attaquer au film le plus attendu de cette nouvelle décennie n'est pas chose évidente, mais allons-y sans rechigner et passons le cap de la critique.


Star Wars 7 est donc une déception. Certes je n'en attendais rien. Mais j'attendais au moins voir un Star Wars. Je n'ai pourtant vu ici qu'un un divertissement calibré, aux effets visuels réussis mais au scénario raté.


Star Wars s'arrête donc au 6 (ou au 3 selon votre point de vue).


On savait les Star Wars hautement référencés (autant par les sagas shakespearienne et leurs enjeux familiaux, que par la Bible ou autres récits.). Mais c'est une référence passive, bien trop présente qui caractérise cet épisode ; nul n'aura échappé aux ressemblances critiques avec d'autres franchises hollywoodiennes (que ce soit Pirates des Caraïbes, Indiana Jones, et, flagrant, le Seigneur des Anneaux - de part un méchant et sa grotte trop explicitement ressemblant -) ou encore des inspirations jusque dans les films de samouraïs (l'ultime scène, ridicule)...
En plus d'aller pomper ailleurs, ce Star Wars se pompe lui-même ; il est si mal inscrit dans la lignée qu'il est nécessaire pour lui d'inclure autant d'éléments des épisodes précédents que possible pour justifier sa présence. Le scénario est en cela une copie parfaite de l'épisode quatre, à un tel point que l'on en vient à se demander si ce n'est pas parodiquement voulu (Poe Damerton qui compare la nouvelle planète maléfique à l'étoile noire du quatre ; le pompon)... Vraiment, le rire accompagne involontairement certaines scènes tant le tout semble parodique, que ce soit la scène d'ouverture, qui entame le film sur une note bien ratée, celle où Kylo Ren dévoile son visage et s'oppose à la jeune héroïne, scène qui s'étire et manque tellement de rythme que c'en devient réellement gênant.
Décidément, après James Bond, les scènes de rencontre entre héros et méchants n'ont pas la cote. C'est en cela un scénario pas assez original, qui fait du neuf son argument, neuf qui n'est en fait qu'apparent. Car si l'on apprécie le vent nouveau qui souffle sur Star Wars, les nouveaux personnages, on ne peut que déplorer la rapidité d'expédition de nombreux éléments, l'éradication pure et simple de la République, qui se faisait cœur central des premiers films (entendre 1, 2 et 3) , et qui promettait de belles parenthèses politiques et urbaines dont ce 7° épisode est totalement exempt ; ne reste en trace de politique que de tristes références bourrines aux différents conflits du 20° siècle (que ce soit la guerre du Vietnam avec les lance flamme et autres massacres de citoyens de la première scène, ou bien le discours hitlérien, des intonations de voix aux bras levé, en passant par la bannière noire et rouge, du général du Premier Ordre...)
On pleure aussi la présence d'un méchant peu crédible, dont je n'aurais personnellement jamais dévoilé le visage, plus proche du jeune héros romantique tourmenté par ses penchants que véritable méchant du côté obscur. Il manque cela à cet épisode ; de la noirceur.
Car s'il on apprécie le second degré général, la décontraction des personnages (Han Solo toujours aussi cool), son humour et ses nouveaux personnages comiques (Finn pas aussi horripilant qu'annoncé un peu partout), il manque une véritable force tragique dont débordait les 6 Star Wars précédents.
Heureusement le film se rattrape par quelques solides scènes d'actions, notamment des poursuites dantesques en vaisseaux, qui en 3D sont aussi impressionnantes que certaines attractions, équilibrant avec un combat au sabre laser, dans la forêt enneigée, totalement raté (aucune insistance sur le bruit caractéristique des sabres, aucuns mouvements spectaculaires et une interruption là où tout se jouait...)
C'est donc un épisode inconstant, qui part aux quatre coins du monde, se précipite en voulant tout dire, tout montrer à la fois mais réussit le pari fou de faire tenir autant d'enjeux dans un format de deux heures. Inconstant, sans repères, mais consistant, sans baisse de rythme conséquentes, qui, s'il est appel évident à une suite, se fait une solide et riche transition qui se regarde bien indépendamment des précédents, et, bientôt, suivants.
Mais la grande réussite du film est qu'il est une idéale transition entre l'ancienne génération et la nouvelle. D'une certaine intelligence, le pari est de plaire à tous et d'attirer de nouveaux fans, contemporains. S'il tente de contenter tout le monde (un fan service peu fin parfois, qui fait se pointer un personnage puis le fait vite repartir, rappelle à des situations passées trop flagrantes - le bar peuplé de monstres, le village de Tatooine et ses échangeurs de pièce véreux) et finit sur un note en demie teinte (personne n'est vraiment mort, personne n'a vraiment gagné, personne n'est vraiment officialisé comme nouveau héros) il jongle avec aisance avec les anciens codes et parvient tranquillement à en instaurer de nouveaux, que des épisodes suivants seront là pour accentuer et confirmer. Il joue sur les générations de personnages autant que sur celles de son public (les nouveaux héros qui font des Jedis et de Han Solo des légendes, comme pourraient le faire de jeunes adolescents, bercés depuis leur tendre enfance par les récits des Jedis qui verraient en cet épisode 7 le premier Star Wars de leur vie). C'est habile, peu prononcé, mais malin.
On en ressort avec une déception contenue, qu'une mise en scène solide, efficace, classique sauve en partie, mais l'envie de voir la suite, non par excitation d'un scénario dont on craint d'ores et déjà l'évidence, mais pour voir comment les studios vont donner un lendemain à cette série qui ferait bien de s'éteindre un jour.

Charles Dubois

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