A l’image de l’œuvre de JJ. Abrams, ce Star Wars est un film nostalgique et un film de nostalgique. Le cinéaste s’inscrit avec respect dans la lignée de la première trilogie, en conservant les codes, le traitement de l’image, le ton, tout en y apposant sa touche personnelle, esthétique et psychologique, et des éléments de modernité : figure féminine héroïque, fragilité et instabilité du mal, chemin inverse de retour à la lumière plutôt que description d’un basculement vers le côté obscur,….
On pourrait lire le scénario comme un remake paresseux du premier film, mais il s’agit plutôt d’une démarche circulaire et d’un effet miroir, déformé. On rejoue La Guerre des étoiles, de manière autant fétichiste que pour décrire une boucle sans fin. Enfant orphelin, relation père-fils, description d’une dictature,… les enjeux sont similaires, ils pourraient se rejouer à l’infini comme une malédiction, mais racontés avec un regard neuf et empreint de mélancolie.
Les successives apparitions dans le cadre de personnages ou objets cultes de la saga sont moins des clins d’œil faciles adressés aux fans, que des blue flare émouvants habillant l’intrigue et l’image et jouant sans détour la carte de la nostalgie et du temps qui passe.
Mais cette relecture du Nouvel Espoir est également une façade qu’Abrams détourne légèrement en redistribuant les cartes.
Le point le plus marquant à ce niveau étant l’élaboration de la figure du mal, Kylo Ren, le fils d’Han Solo et de Leila. Il n’est que le reflet pathétique de son grand-père. Il joue à Vador, se déguise en Vador, voue un culte à Vador, mais n’en a ni le charisme ni la puissance.
Il perd rapidement de son aura, on dévoile très vite son identité et il retire son masque révélant sa fadeur.
Ce n’est pas ce qui intéresse le cinéaste. Il ne cherche pas à instaurer un nouveau mystère, à créer une nouvelle figure du mal absolu, à fouiller les origines du mal. Il y a dans ce film une faiblesse et une fragilité du côté obscur plus marquées, une relation plus trouble et complexe entre la lumière et l’obscur, moins de manichéisme.
Il en est de même du parcours de Finn, qui passe de stormtrooper à figure de la résistance.
Au-delà de ça c’est un excellent « film de divertissement », parfaitement construit et narrativement très efficace. La mise en scène d’Abrams, son élégance, sa clarté, autant lors des scènes d’actions que des séquences posées, apporte une fraîcheur indéniable à la saga. Probablement le meilleur épisode depuis l’Empire contre attaque.