The Last Jedi m'a fait comprendre à quel point je suis attaché aux films Star Wars. Après des kilomètres de débats usants depuis sa sortie et les désaccords entre les "fans", voici quelques moments de pure poésie dans la mise en scène de ce film qui m'a énormément touché...
Les Hommes périssent, les légendes sont éternelles
- Leia, projetée par une terrible explosion, flottant seule dans l'espace infini, au seuil de la mort, se dépasse, sur surpasse, dans un geste miraculeux, pour survivre par la Force. La puissance de cette scène est multipliée par 10 connaissant le destin de Carrie Fisher.
- Lorsque Yoda vient parler à Luke dans un moment charnière de l'Histoire Jedi, il y a un gros plan sur le petit être vert nous faisant face, la lumière dégagée par le feu derrière lui est si forte que le léger halo fantôme autour du personnage disparaît, nous montrant bien qu'un Jedi, même "mort" est toujours présent. Comme une étoile dont la lumière nous parviendrait bien qu'elle soit éteinte. Ceci est déjà un parallèle avec le destin de Luke.
- Lorsque Luke se dédouble pour aller sauver la Résistance, on voit un double soleil (le fameux binary sunset de l'épisode IV) caché par des nuages, pour symboliser je crois cette nouvelle facette désabusé qu'arbore Luke dans ce film. Mais lorsqu'il "meurt" le plan choisi nous montre Luke de dos, face à UN soleil seulement. C'est une citation visuelle de la phrase accompagnant la "mort" d'un Jedi, "ne faire qu'UN avec la Force". Le plan suivant montre les hauteurs de l'île nous couper de ce soleil dans un silence paisible. Après cet effort surhumain, Luke peut reposer en paix.
Violence
- Il n'existe pas de sang dans Star Wars, d'énormes explosions, des guerres terribles, mais pas une goutte ne tombe. La planète où se situe la bataille finale cache sous la neige un sel rouge vif. Quand Luke endosse enfin son costume de légende et apparaît face à Ben après l'intense confrontation, le sol apparaît comme du sang allant du rouge au noir, et renvoie aux pires travers guerriers de l'humanité.
Le monde est petit
- Sur l'île du Premier Jedi, il y a à un moment un ciel gris et une forte pluie Outre le fait de montrer un climat plus sombre à côté du beau temps habituel de cet endroit, il nous permet de reconnaître la jovialité et l'innocence que porte en elle Rey. En effet, ayant vécu toute sa vie sur l'aride planète de sable Jakku, elle se réjouit en touchant cette pluie qu'elle n'a sûrement jamais connu, comme un enfant goûtant la neige pour la première fois. Dans ces petits moments, on comprend pourquoi Rey est l'héroïne parfaite pour convaincre Luke. La suite de cette scène est une conversation entre elle et Ben, à la fin de celle-ci, la pluie/les larmes de Rey se retrouve dans le poing serré de Ben, comme pour matérialiser la relation émotionnelle forte entre eux. La Force est dans tous les éléments, lie tous ces éléments et transcende même l'espace. Lorsque Ben ferme son poing rempli des larmes qu'il n'a pas eu pour son père Han, le plan suivant suit un vaisseau en hyperespace, (autre rappel à la transcendance de l'espace ?) avec Leia, seule et sentant les remous dans la Force. Cet enchaînement de ces trois bouts de scène exploitent parfaitement la puissance mystique de la Force, tout en servant les relations entre les personnages.
- L'équipe formée l'espace d'un scène par Ben et Rey montre parfaitement qu'ils sont les deux faces d'une même pièce, chacun remplis des deux côtés de la Force. Ils sont complémentaires, à tel point que l'un inspire l'autre. Rey inspire Ben par son refus de suivre Snoke, Ben inspire Rey dans les accès de rage qu'elle montre dans le combat face à la garde. Dos à dos, l'un se servant du corps de l'autre, s'échangeant leurs armes... Ce combat explore toutes les facettes de leur complémentarité à travers la mise en scène. L'avenir de la galaxie, de la Force se jouera uniquement entre ces deux-là.
A New Hope
- Pour la première fois aussi, Star Wars nous montre fait ressentir les inégalités au sein de l'univers, un casino bling-bling cotoie un élevage malsain d'animaux battus et des enfants esclavagisés. Un petit gamin, à priori prédestiné à la contrainte toute sa vie, lève les yeux et voit pour la première fois des libérateurs, des vrais héros, cela réveille en lui "quelque chose".
Quand à la fin, les enfants racontent la légende de Luke, sauveur de la Résistance, ce petit gamin se tourne vers le ciel, "attrape" un balai, et en le brandissant tel un sabre laser, retourne ce symbole d'asservissement en une arme légendaire... Tout comme Luke fut inspiré des histoires de la guerre des clones et des Jedi, comme Rey fut inspiré du mythe Luke Skywalker. Cette image finale porte un espoir immense, après que tous les héros du film se soient confrontés à l'échec, leurs efforts n'ont pas été vains.
De l'émerveillement naît l'inspiration, de l'espoir naît la Force.
C'est toute l'essence de Star Wars qui est résumée dans ce plan, un des plus évocateurs de la saga.
Il paraît que ce film est bourré de défauts, c'est peut-être vrai, mais l'histoire que raconte Rian Johnson à travers ces images me marquera pour longtemps.