Ainsi parla Yoda: "Nous sommes le socle sur lequel ils croissent."
Alors, lui cracha Palpatine: " Votre arrogance vous masque l'ampleur du désastre ! Le côté obscur de la Force va ENFIN pouvoir se déchaîner !"


Il referma le livre, soudain inquiet, et sorti de son vaisseau pour rejoindre son Maître Frenhofer sur la planète de Onos-Ontos. C'était une planète déserte, perdue, héritage d'un monde qu'on voulait oublier. Pour quelle raison Maître Frenhofer était-il venu se perdre en ces lieux ? Cela ne lui ressemblait guère. La pluie commença à tomber dru, ses dards aqueux se faisant toujours plus glacés. Il prit son courage à deux mains, abaissa sa capuche et commença la longue, interminable et dure ascension d'un escalier de pierre creusé à même le flanc d'une montagne millénaire pour atteindre le sanctuaire où se réfugiait le Maître.
Lorsqu'il parvient au seuil du bâtiment, il passa de la lumière à une pénombre terrifiante et ne distingua qu'avec peine la silhouette qui se tenait affaissée sur un bloc de pierre, au beau milieu d'un fatras insondable.
- Maître Frenhofer, osa-t-il
Il n'eut pour réponse que le silence. Le silence ou un imperceptible soupir désabusé.
- Je suis venu vous chercher, reprit-il, je voulais savoir ce que je pourrais aller voir au cinéma, je ... Les Derniers Jed...
- Malheureux, hurla alors son mystérieux interlocuteur, ne prononce pas ce titre !
- Mais pourquoi, Maître ? Il semble pourtant ...
- Tais-toi !, ordonna la voix rocailleuse et terrible, Ce film te conviendra sans doute. Mais pour en décider, il te faudra en faire l'expérience seul ! Le cinéma d'aujourd'hui et moi sommes irrémédiablement devenus des ennemis ! Ces films creux qui raillent leurs aïeux en prétendant avoir plus de maturité et qui ne sont en réalité que des coquilles vides bien emballées de visuels tape-à-l'oeil ou de belles épreuves restés à l'état de brouillons !
Le jeune membre de Sens Critique recula, effrayé. Ce n'était pas Maître Frenhofer qu'il venait d'entendre. C'était impossible ! Ce ne pouvait être que quelqu'un d'autre ....
- Sortez de votre cachette de ténèbres, lâcha-t-il enfin, après quelques minutes d'incertitude, je sais que vous n'êtes pas Frenhofer ! Impétueux, cessez ce rôle ridicule et montrez votre visage !
- Mon visage ?, s'étonna la voix, Frenhofer?
La lumière se fit soudain dans le lieu qui, délivré des ténèbres, apparut immense. Un homme portant un masque vénitien d'or, d'ébène et de pourpre, se tenait tout au fond. Il jouait avec un compas sous une étrange gravure de sudoku, une cloche, une balance et un sablier. A ses pieds, des outils, des sculptures géométriques en roche et un chien épuisé.
- Seriez-vous .... seriez-vous Behind-the-Mask ?, demanda le jeune padawan cinéphile surpris et craintif.
- Impétueux? Behind the Mask ? Pourquoi pas Attiéboulé, tandis qu'on y est ?, répondit l'autre.
- Dans ce cas, qui êtes-vous ?
- Qui cherches-tu ?
- Je cherche Maître Frenhofer, un grand critique !
Le vénitien repartit d'un éclat de rire:
- Un grand critique, hum ? Personne par la critique ne devient grand ! Hum, hum. Frenhofer, hum ? Ce nom, tu vois, il semble revenir d'outre-tombe ...
- Vous le connaissez ? Est-il mort ?
- Mort ? Hum, hum ! Pas encore !
- Est-ce vous ?
- Je suis l'étincelle qui met le feu à la critique sous la plume de la colère du critique qui ...
- Assez à la fin !
- Ah ! Tu vois combien c'est énervant ! Alors, suis mon avis et ne va pas voir ce film de merde !
- Vous n'êtes pas Frenhofer. Définitivement. Mon Maître éclaireur ne rejetterait jamais un film sans lui donner sa chance. Seul les Sith sont si absolus.
- Il est vrai que je donnais leur chance à tout genre de film jusqu'ici. J'étais alors Frenhofer, le clair-voyant, le juste, l'ouvert d'esprit. Mais j'ai vu Les Derniers Jedi, vois-tu. Et j'ai basculé du côté obscur de la Force: Je réponds désormais au nom de Dark Kordax, le grivois, le désabusé, l'aigri !
Le membre de Sens Critique ne put qu'hurler à la mort: "NOOOOOOOOOOOOOOOoooooooooon ! Non, c'est impossible !"
- Cherche dans ton coeur, tu verras que je dis vrai !
- Frenhofer, venez avec moi, loin de cette île de malheur où vous vous complaisez dans le rôle d'ermite merlinant ! Venez, je vous en supplie !
Dark Kordax baissa la tête:
- Il est trop tard pour moi, mon jeune padawan.
Et, dans un ensemble de cris de douleur émanant de tous les recoins de la création, il retira son masque faisant paraître un visage défiguré de balafres sanglantes. Ses yeux, injectés de sang, produisaient des larmes d'or.
- Ce n'est qu'un dérèglement des glandes lacrymales, tenta de le rassurer son apprenti, rien de bien sinistre.
- Ainsi, tu crois me pervertir avec une réplique de Casino Royale, pauvre fou ! Même le Casino de Canto Bight n'a pas su le faire !
Il leva son doigt vers l'horizon et montra une comète qui se dirigeait lentement mais sûrement vers Onos-Ontos:
- Vois-tu, mon très jeune apprenti ? La Fin du monde approche ! Une chauve-souris la guide !
- C'est que vous ne regardez pas au bon endroit, mon Maître !
Et l'apprenti dirigea son droit vers l'horizon opposé: un coucher de deux soleils.
- Il faut que vous retourniez dans la caverne de l'île, mon Maître. Et que vous en ressortiez !
- Il le faut ?, questionna Dark Kordax, hum, peut-être ...


Prête à s'écrouler à tout moment sur quiconque s'en approcherait, sous la pluie et le tonnerre, la caverne semblait plus terrifiante encore.
Dark Kordax s'approcha de l'entrée, non sans un frémissement: "J'ai comme un mauvais pressentiment ..."
Un pas, deux pas, le voici dans le noir, face à un miroir lui montrant sa nuque. Il est vrai que ce passage du film en hommage à Magritte avait su lui plaire ... Il s'avança encore et fit face à lui-même, sans masque, sans blessure, un sourire radieux aux lèvres.
Son heureux reflet ouvrit alors la bouche:
- Je ressens de la peur en toi, Frenhofer, de l'amertume, de la colère ! Prends-y garde: elles mènent au côté obscur !
- Tu dis cela, Frenhofer, mais tu es celui de nous deux qui n'a pas vu Star Wars 8 !
- Oh, si je l'ai vu. Mais ce film nous a scindé en deux. D'où notre 5 baccara.
- Alors que pensons-nous de ce film ?
- Eh bien ...



Critique de Star Wars 8 Les Derniers Jedi par Frenhofer



1. A big ball of wibbly wobbly, timey wimey stuff


a) En vitesse-lumière


La première impression que m'a donné ce film, c'est une impression de manque de structure. Et pour cause ! Exit, la plupart du temps, les mouvements d'images signifiant le passage d'une piste narrative à une autre, trop présentes dans La Revanche des sith, trop rares dans Les Derniers Jedi.
Le film cumule un grand nombre de piste narratives, toutes intéressantes. Mais à jongler de l'une à l'autre, Rian Johnson oublie de les délimiter et souvent de leur donner une cohérence. Beaucoup de pistes ne sont que des galops d'essais inutiles, destinés à créer un suspens inefficace. Le tout jeté pêle-mêle, à en donner le tournis.
A aller vite pour ne pas ennuyer une dangereuse génération d'hyper-actifs impatients, le réalisateur offre au public une bouillie infâme de ce qui, plus réfléchi, aurait pu tenir du chef-d'oeuvre. Il ne conserve de l'appellation "chef-d'oeuvre" que l'étymologie: c'est un bout d'oeuvres incomplètes...
Pour être juste, on peut dire que Star Wars 8 est un sur-concentré des trois volets originels de 1977-1983 en un seul film qui, en sus, cherche à leur opposer un écart esthétique tantôt plaisant, tantôt déplaisant.
Les Derniers Jedi vole en vitesse-lumière, va trop vite, survole ses enjeux, frise le Spaceball en vitesse démesurée et passe à côté de ses spectateurs.


b) 24 heures top Solo


"Qu'en un lieu, en un jour, un seul fait accompli, tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli", écrit Boileau.
Si l'on suit ce précepte, Les Derniers Jedi est une indiscutable réussite !
Directe continuité du précédent opus, il semble pouvoir se dérouler sur un ou deux jours uniquement. Comme 24 heures top chrono. Mais comme cette série, il tombe dans l'écueil de faire vivre aux personnages trop de choses en si peu de temps. L'exemple le plus flagrant étant l'initiation de Rey. Mais il est vrai que ce film ne raconte pas son initiation.


2. Roulettes, Voyage inattendu et Embryon d'espoir


Pourtant que de bonnes choses dans ce Star Wars 8 !


a) Casino Royale


Un bel hommage à James Bond qui finit en queue de poisson. Une planète-casino visitée à la va-vite où les héros doivent retrouver Monsieur "costume blanc et fleur rouge à la boutonnière" (comprenez le James Bond de Goldfinger, célébré sur l'affiche de Spectre) qui n'est qu'un prétexte à dénoncer les inégalités sociales, à introduire Bénicio del Toro, l'ex-Dariiio Mr Honeymooooon de Permis de tuer et à ressasser le meilleur passage du roman Casino Royale, entendu dans le film Quantum of solace, le brio en moins: "Tu sais (..) on a l'impression de pouvoir faire facilement la distinction entre le Bien et le Mal quand on est jeune. Mais les choses se compliquent quand on vieillit. A l'école, on se fait une idée très précise de qui est gentil et qui le méchant. Et on grandit en se disant qu'on sera les gentils et qu'on tuera les méchants. (...) C'est excellent pour l'ego et ça vous vaut de passer pour un dur à cuir qui sait ce qu'il fait.Mais quand le gentil (...) entreprend de tuer le méchant (...) et que le méchant (...) sait qu'il n'est pas un méchant, tu commences à voir les choses sous un autre angle Les gentils et les méchants se confondent. (...)Mais l'idée qu'il y a les gentils d'un côté de la frontière et les méchants de l'autre commence à faire son temps. (...) Le vent de l'Histoire tourne de plus en plus vite, désormais. Et les gentils et les méchants changent de camp. (...) Pour bien marquer la différence entre le Bien et le Mal, nous avons élaboré deux représentations qui les incarnent aux extrêmes: l'une d'un blanc immaculé, l'autre du noir le plus profond. Mais nous avons un peu triché (...) le Diable, à quoi ressemble-t-il?". Même Desproges a su faire aussi bref et plus efficace: "L'ennemi est con: il croit que c'est nous l'ennemi alors que c'est lui !".
Dans tout cela, un monde de luxe qui jure avec le Star Wars originel: comparons-le, par exemple, au gratin de l'opéra dans La Revanche des Sith. Le point positif, c'est del Toro et son personnage jouissif, impressionnant mais qui reste à l'état de prétexte, de Calrissian-like, au stade de la brillante petite anecdote. Dommage....


b. Derrière les roulettes, la Comté enchaînée !


Ce petit monde de casino recèle donc un monde d'esclaves qui ne sont autres que des enfants


apparemment destinés à forger le nouvel Ordre Jedi.


L'occasion de mettre en scène un monde très différent, plus sauvage, peuplé d'enfants et d'animaux fantastiques. Si bien que, très vite, on a l'impression de ne plus être dans un Star Wars mais un mixte du Seigneur des Anneaux et des Animaux fantastiques. C'est beau, comme la plupart des visuels du film, mais ce n'est plus du Star Wars ...


Profitons-en pour parler d'Andy Serkis, le Gollum des deux trilogies adaptées de Tolkien, et de son personnage de méchant: le Leader Snoke.
Snoke est, sans conteste, le méchant que cette postlogie attendait: il est hideux, il est sombre, moqueur, manipulateur. Un vrai Sith. Porté vocalement en français par Féodor Atkine, la voix de Jafar et de V, il n'en devient que plus jouissivement détestable.
Snoke est puissant, très puissant et bien plus démonstratif dans ses châtiments que ne l'est Vador. Néanmoins, plus dosé et plus meurtrier, Vador effraie plus subtilement. Snoke humilie mais jamais ne tue. C'est - à l'image du Raoul Sylva de Skyfall - un être omnipotent et pourtant incapable d'agir.


S'il meurt, bien trop longtemps avant la fin du film, pour laisser la place à Kylo Ren toujours aussi adolescent, la scène n'est pas nécessairement décevante ou grotesque.
Primo, parce qu'on nous donne des pistes sur sa réelle identité: il se nourrit de la Force de Rey. Il serait donc une incarnation du terrible Dark Nihilus, parfaite métaphore de Star Wars 8.
Secundo, parce que je ne rejoins pas celles et ceux qui lui reprochent de ne pas avoir senti la trahison de son apprenti: n'est-ce pas là ce qui a perdu le plus puissant encore Dark Plagueis ? Le Maître qui sait trop oublie souvent l'élémentaire et passe à côté de l'évidence ou, comme le dirait un personnage de Balzac: "Le trop de science, de même que l'ignorance, arrive à une négation". De sorte que, persuadé de son infaillibilité comme il l'exprime bien haut, Snoke sous-estime son apprenti et oublie qu'il a la volonté de Vador de régner sur l'univers.


c) Lifeboat


La bonne idée que Johnson a su établir, c'est celle du frêle petit vaisseau contenant le dernier, faible et minuscule, embryon de la Résistance. Il y a quelque chose du final d'Alien dans cette impression, quitte à avoir fait du Protocole Fantôme durant tout le film.
Alors, certes, point d'éclaircissement géopolitique, on reste dans l'inexpliqué (inexplicable ?) mais on est prêt à suspendre la crédibilité de l'arrière-plan pour une si belle et forte image de premier plan.
Cette belle idée de situation est d'ailleurs permise par l'extraordinaire explosion du vaisseau amiral qui offre par la même occasion l'un des plus beaux usages du silence au cinéma !


3. Dépasser le Maître


a) Tuer le père


Les relations Snoke-Kylo et Luke-Rey sont là pour bien mettre en avant la thématique centrale du film, voire même de la postlogie toute entière.
Il faut tuer le père, quel qu'il soit.
Pour une saga dont la scène la plus emblématique est celle où un personnage révèle à un autre qu'il est son père, c'est tout de même un comble !


Tuer le père en tant que géniteur: Ben tue Han, Rey cherche ses parents et se trouve face à elle-même. Les parents ne sont que des vestiges de l'ancien monde et sont inutiles. A l'image de Georges Lucas, sans doute ? C'est ainsi que Rian Johnson passe son film à accumuler métalepses sur métalepses pour inviter le spectateur et la saga à couper le cordon avec celui qui le compare à un "marchand d'esclaves". Il semble à ce propos maladroit d'insister sur les enfants esclaves jusque dans les dernières secondes du film quand on est soi-même un "marchand d'esclaves". Serait-ce un aveu ?
Tuer le père en tant qu'enseignant: un apprenti tue son maître, l'autre manque de le faire. Chacun se révolte contre l'enseignant et lui révèle que c'est à lui d'apprendre.


Ainsi, Snoke est vaincu par celui qu'il pensait un élève trop faible et l'initiation d'Ach-to n'est pas celle de Rey mais bien celle de Luke.


Star Wars 8 se fait en cela l'éloge du très controversé système d'enseignement par induction et, dans la lignée du Royaume de cristal, rejette les livres, le savoir du père et du maître pour celui du monde. Que l'on partage ou non cette idée, l'auto-didactisme de Rey semble trop simple, court et caricatural et l'idée de prendre en otage de vieilles figures emblématiques de la saga pour valider cette thèse est incohérente et détestable.


Incohérente comme ce Luke, pourtant jadis incarnation de l'espoir et la foi en l'autre, devenu un sceptique scélérat qui découvre ce qu'il savait déjà: on peut revenir du côté obscur. Ou pas.
Détestable comme ce Yoda sauce Macron, mi-marionnette mi-images de synthèse qui accomplit avec un rire dément - d'une folie que les topoï attribuent aux vrais sages - un autodafé des livres sacrés d'une religion dont il est l'un des pontes. C'est son acte de foi pour exister dans le Star Wars made in Disney. Il se fait le représentant des parents et professeurs laxistes qui veulent jouer les djeuns par peur de passer pour de vieux barbons. Si Yoda troque son "Trop sûrs d'eux-mêmes ils sont, même les plus expérimentés" contre le "Brûle ce que tu as adoré et adore ce que tu as brûlé" de St-Rémy, c'est parce qu'il est pris en otage par des scénaristes peu envieux de trouver leur place dans la continuité de l'univers déjà posé par Lucas & consors et qui tentent de se faire accepté par le biais d'un des personnages les plus sages et les plus appréciés d'une tradition qu'ils sont en train de détruire.


Le problème à l'origine de cette volonté patricide, c'est le besoin d'une réécriture totale de Star Wars pour trouver sa place dans l'imaginaire déjà présent. A ce titre, le plus lucide est Kylo Ren lorsqu'il déclare à Rey: "Tu n'es rien. Tu n'as rien à faire dans cette histoire". En effet, tout ce qui a été créé par les Derniers Jedi n'a rien à faire dans Star Wars mais s'impose par iconoclasme.
Ce qui rappelle la phrase de Dumas dans ses Mémoires: "On peut se permettre de violer l'Histoire à condition de lui faire de beaux enfants". Quels sont ces enfants:


Phasma, Holdo, Snoke, Rose, Paige, DJ (peut-être), si vite apparus, si vite disparus ? Poe, Finn et Rey, le blagueur collégien, le grand stressé et l'omnipotente invraisemblable? Ou ceux annoncés par la fin du film ?


Les Derniers Jedi aurait dû être le volet 9, introducteur de la saga à venir de Johnson. Mais Johnson donne dans l'éjaculation précoce... pour filer l'image.


b) Au-delà du réel


Pour faire mieux que les précédents volets, pour pouvoir les enterrer, on décide de déchaîner la Force et .... BOUM ! Ça fait des Chocapics !


Leia survit en pleins froids de l'espace et surfe dans les airs, ce qui en a choqué plus d'un mais qui m'a plutôt convaincu. C'est similaire à Indiana Jones survivant à une explosion nucléaire, enfermé dans un réfrigérateur.
La "connexion" via la Force de Rey et Kylo qui donne lieu à de beaux échanges de champs et contre-champs me choque moins que Finn voulant mettre un "bug" dans son ancienne patronne.
L'ubiquité de Luke d'une planète à une autre, tout simplement magnifique !


Tout cela sonne fantaisiste mais donne lieu à de belles innovations.
Le problème réside dans cette nouveauté de ce qu'on peut faire avec la Force qui est amené sans la moindre explication. Le titre du septième volet excepté, mais non explicité.
On est dans le dépassement du distingo Clair/obscur au service d'un équilibre qui n'a pas besoin d'élu pour être: tiens, Anakin, prends-toi ça bien dans les dents, s'il t'en reste !
On est dans le dépassement du simple surnaturel usuel et aisément explicable par un au-delà du surnaturel flou et creux.


4. Laisse mourir le passé


Car le but du film est d'oublier le vieux et faire du neuf. En principe ...
Puisque Les Derniers Jedi est le Dark Nihilus, Seigneur de la Faim, des films Star Wars: il se nourrit de tout, recrache de tout et arrive à une négation.
C'est un trou noir inquiétant, un paradoxe.
A l'image de deux scènes en particulier:


Lorsque Kylo peut tirer sur le vaisseau de sa mère, il hésite. Des anonymes devront le faire pour lui.
Lorsque Luke crie à Yoda qu'il va brûler le temple et les livres sacrés jedi, il s'arrête, incapable de le faire. Et Yoda d'invoquer la foudre pour mettre le feu et de rire: "Une plaisanterie, tu m'as fait, jeune Skywalker !"
Voilà ce qu'est Star Wars 8, une plaisanterie en réponse aux théories de fans et aux insultes de Lucas, afin de créer un nouvel univers Star Wars.


Comme dans ces scènes, Rian Johnson se contente de dire qu'il va tout détruire et ne le fait jamais vraiment.


Kylo Ren, qui a dit: "Laisse mourir le passé, tue-le s'il le faut" mitraille Luke dans un bain de sang immonde. La poussière retombe, le rouge n'était que de la terre, et Luke retire d'un geste provocateur les salissures déposées sur son épaule.


Voilà des métalepses accumulées qui s'entre-détruisent les unes les autres, laissant derrière elles un propos flou, vide.


Luke part du postulat qu'il faut faire disparaître les Jedi pour proclamer leur retour en fin de film.
Rey enseigne à Luke (qui le sait déjà, si on se rappelle du Retour du Jedi) que l'on peut revenir du côté obscur et que Ben peut être sauver... avant de se rendre compte que c'est impossible.


Le 7 avait son "Voilà de quoi améliorer la situation" qui rejetait la prélogie, le 8 a son "Laisse mourir le passé" qui veut se défaire de l'intégralité des anciens Star Wars, le tout en se proposant comme la réécriture en un film des 6 voire sept films précédents.
Les Derniers Jedi est le manifeste adolescent d'une génération qui s'estime tributaire d'aucun aïeul. Dès lors, il est plus aisé de trouver sa place dans un monde qui n'est plus déjà établi et où tout est à construire. Les Derniers Jedi est une impossible robinsonade.
S'il semble hésiter entre destruction et hommage, dans un épisode funéraire regroupant plusieurs vedettes des oeuvres eighties - comme Mark Hamill, Carrie Fisher (Star Wars), Benicio del Toro (Permis de tuer) et Laura Dern (Jurassik Park) - c'est parce qu'il ne cherche pas à trancher. Il met en scène un fossé qui s'est formé au cinéma entre les générations à l'intérieur des sagas mythiques qui les relient pourtant les unes aux autres.


En visionnant Star Wars 8, j'ai compris une chose: je suis devenu un vieux con.
Et j'en suis fier, car il vaut mieux être un vieux con(servateur) qu'un jeune insolent et présomptueux.



Critique de Star Wars 8 Les Derniers Jedi par Dark Kordax



Fini les ronds de jambes et l'ouverture d'esprit de Maître Frenhofer, prêt à accepter tout et n'importe quoi ! Place à l'analyse trash et obscure de Dark Kordax !
Alors, cassez-vous, car ça va non seulement spoiler mais ça va aussi saigner !
LE CÔTÉ OBSCURE DE LA FARCE VA ENFIN POUVOIR SE DÉCHAÎNER !!!!!!!!!!!
POUVOIR !!!!!! AUCUNE LIMITE À MON POUVOOOOOOOOIIIIIIRRRRRRRRR !!!!!!!


Définissons l'objet commercial Star Wars 8 Les Derniers Jedi.
Qu'est-ce ?


1. Star Wars 8 est la suite de Spaceball


Nous sommes en ? années après la bataille de Druidia.
Le film nous présente la poursuite de la Résistance aka l'Alliance Rebelle aka la Rébellion (puisque, finalement, eux-mêmes ne savent plus comment la nommer) par les méchants membres du Premier Ordre (... on ne sait pas vraiment à quoi renvoie cet ordre: L'Empire ? La Royauté ? L'Anarchie ? Un autre régime ?)
Un héros beau gosse, badass, querelleur (et donc nécessairement masculin) veut tout faire péter et se fait gronder par ses supérieures plus avisées (et donc nécessairement féminines). Deux espions sont envoyés pour demander l'aide d'un hacker peu réglo qui les trahit. Une jeune néophyte apprend la vie à son vieux Maître laissé aux mites.
Le Petit-fils de Casque Noir, Vespa et Yop Solo (oui, un plan à trois !), Enfant Casqué, pique des crises et tue le Chancelier Esbrouffe qui, atteint d'Alzheimer, croit s'appeler Snoke depuis qu'on l'a traité de vieux schnoque.
Quant à Yahourt, il n'a pas pris une ride et travaille toujours dans le merchandising !


2. Star Wars 8 est la suite d'Entre les murs: Hors des murs


Les Derniers Jedi est un documentaire, sponsorisé par le Ministère de l'Education Nationale, tourné sur l'île d'Ach-to où a été fondée une école fonctionnant sur le principe de pédagogie alternative.
Ici, les professeurs refusent d'enseigner et les élèves veulent suivre des cours. C'est une nouvelle modalité de la classe inversée.
Contraints de travailler seuls, selon un principe admirable d'induction que nous devons, comme chacun le sait, à M. Serge Tirocul, ex-professeur devenu inspecteur d'académie, les élèves découvrent qu'ils n'ont en fait rien à apprendre mais que leurs professeurs devraient désapprendre tout ce qu'ils ont appris.
Nous suivons la petite Rey Denullepart, pupille de la nation, qui va apprendre à son professeur de sport, M. Luke Skywalker, qu'il devrait s'adonner moins à la pêche, à la traite ou à la lecture et plus à la méditation et à la leçon de chose.


3. Star Wars 8 est un film pornographique


Initialement intitulé Rey on X, Les Derniers Jedi conte plusieurs histoires de fesses plus ou moins inégales.
Le premier arc narratif est des plus éculés et des plus vulgaires: Un aventurier de passage, Peau d'Ânrond, propose au Général Hug un plan à trois avec sa mère.
La suite du film est plus travaillée et offre une plus grande épaisseur psychologique aux personnages et des dialogues plus en second degré.
La jeune Rey rencontre Luc, un vieux pervers, qui lui demande qui elle est. Cette dernière répond:
- Rey
- Rey d'où ?
- de M'Éphèse !
- Alors, dis-moi, Ray de M'Éphèse, que viens-tu faire ici ?
La jeune fille répond qu'elle vient suivre un stage de méditation.
Luc l'installe donc sur un rocher, lui demande de rechercher la Force. Puis, il lui glisse subreticement un bambou entre les doigts en susurrant: "Alors ? Tu la sens, la Force, là ?"
Plus tard, la jeune fille est emmenée menottée à un un autre vieux pervers BDSM qui la fait monter au septième ciel en lui hurlant: "DONNE-MOI TOUT !!!!!"
Pour finir, Rey rejoint un vaisseau surpeuplé où elle rencontre Peau d'Ânerond. Elle se présente: "Je suis Rey". Peau lui répond: "Oui, je sais !". Et la pauvre fille comprend qu'elle a déjà une sacrée réputation sur le vaisseau et qu'elle est la proie de nombreux prédateurs !
Conclusion: Quand on vit dans Star Wars, mieux vaut ne pas être Rey !


Sorti de la caverne, Frenhofer vint alors voir son jeune apprenti, qui l'attendait, le regard interrogateur.
- Difficile d'évaluer ce film: le côté obscur de la Force obscurcit tout ...


Post-scriptum: Cette critique vous semble longue, inégale, à la fois géniale et ratée? C'est ainsi que j'ai reçu Les Derniers Jedi.
Sachez seulement que, depuis sa sortie, plusieurs de mes amis, inconditionnels de la saga Star Wars, vivent dans l'inquiétude.

Frenhofer
5
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le 17 déc. 2017

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Frenhofer

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