Rian Johnson prend la relève de J. J. Abrams pour un opus qui pourrait bien être le plus héroïque de la saga Star Wars. Les derniers Jedi exploite le potentiel entrevu dans Le réveil de la Force, et le transcende sans en trahir l’héritage. Deux heures et demie d’action et de magie qui nous font revivre une nostalgie qu’on croyait oubliée, occultant le fan service parfois flagrant et les rares maladresses qui pourraient survenir.
Le Réveil de la Force posait les enjeux de cette nouvelle trilogie, à deux niveaux. Tout d’abord une nouvelle génération de personnages au sein d’une saga meurtrie, dont la prélogie boudée avait échaudé plus d’un fan. Puis, dans la même lignée, une nouvelle génération d’acteurs censés séduire un public frileux. Les deux paris semblaient relevés et Les derniers Jedi confirme le charisme de ces nouveaux venus, aidés de réalisateurs et de producteurs qui ont compris ce que le public attendait de Star Wars au 21ème siècle.
Les derniers Jedi prend la suite directe du Réveil de la Force, développant la quête de Rey pour comprendre la Force et trouver un sens à sa filiation. Adieu midi-chloriens : Rian Johnson confère une profondeur renouvelée à la Force, lui conservant cette philosophie quasi-bouddhique qui faisait sa particularité. Mark Hamill n’attendait que ce film pour livrer une prestation phénoménale, à peine éclipsé par un Adam Driver excellent comme toujours. Son Kylo Ren, n’en déplaise aux détracteurs, reste probablement le personnage le plus intéressant de cette nouvelle trilogie, et l’équilibre en tension de sa relation avec Rey en devient plus que jamais le passionnant centre de gravité.
De plans vertigineux en batailles épiques, nous sommes transportés au cœur de cette funeste et inévitable reproduction du schéma Skywalker. Un humour bienvenu, largement distillé, vient dédramatiser les enjeux forts que rencontrent personnages principaux et secondaires. On espère que Finn, en particulier, trouvera toute sa place et son sens dans l’épisode suivant, non en tant que distraction annexe mais en tant que véritable symbolique d’espoir dans la bataille face au Côté Obscur.
On apprécie l’accueil de plus en plus de personnages féminins parmi les figures héroïques de la Rébellion, épaulant Leia Organa qui amène logiquement une émotion toute particulière suite au décès de l’actrice Carrie Fisher. Les derniers Jedi livre en cela, et de nombreuses autres occasions, un superbe message, une apologie du lâcher-prise, pour faire le deuil du passé, afin de laisser une nouvelle génération prendre sa place. Portés par la sublime bande originale de John Williams, nous nous laissons envahir par l’émotion, comme les gosses que nous avons été il y a plus de vingt-cinq ans.