Ou comment la vigueur des critiques négatives peut amener de bonnes surprises.


Après un Star Wars VII répétitif par rapport à l’ancienne trilogie mais tout de même attachant (l’impression de revoir un vieil ami après des décennies quand Han Solo réapparaît !…), posant les bases d’une nouvelle génération, nous avons donc… The Last Jedi. 4,6 de moyenne chez mes éclaireurs.


Les intrigues posées par le film ne sont certes pas toutes très bien amenées ni intéressantes. L’arc Finn-Rose, notamment était plutôt pénible à suivre. Le personnage de Rose lui-même, insipide et agaçant, ne semble être là que pour avoir une romance interraciale avec celui qui semblait être le protagoniste de cette nouvelle trilogie, ici relégué au second plan. Les péripéties sont non seulement convenues (oh les méchants trafiquants d’armes !), mais elles s’avèrent finalement trop longues et assez inutiles. De même, la partie des rebelles semble s’éterniser pendant une grosse partie du film, malgré un Poe plutôt rafraîchissant.
Cependant, dans tout cela, rien n’est nécessairement plus grave que ce que l’on avait dans la prélogie, dont le premier film était au final assez détaché de l’intrigue générale, avec un Jar-Jar Binks insupportable, et dont les redondances politicardes pouvaient ennuyer.
Plus gênantes sont les maladresses wtfesques posées par un réalisateur manifestement trop emporté par son sujet, comme cette Leïa qui s’envole au cours d’une scène surréaliste qui aurait pu être posée de façon plus harmonieuse, voire carrément supprimée.


Mais ce qui fait le plus débat dans ce film est probablement son caractère iconoclaste. Là où on attendait - et c’est paradoxal, tant cela a été reproché à l’épisode VII ! - quelque chose d’assez convenu, avec par exemple des retrouvailles entre Rey et un Luke tout puissant et sage, on a ici quelque chose de non seulement surprenant… mais aussi finalement très audacieux ! Il fallait oser démystifier et salir le personnage de Luke ainsi. D’autant que tout cela se fait dans une certaine logique : celle de balayer le passé, après lui avoir rendu hommage.
Cependant, s’il est louable d’oser s’attaquer à ce mythe qu’est Star Wars (entreprise très risquée pour ce qui s’apparente aujourd’hui à une véritable religion), là encore les maladresses sont nombreuses.


Oui pour tuer le personnage de Snoke prématurément, non pour pour expédier son cas si vite, sans même que l’on nous explique, ne serait-ce qu’au détour d’une phrase, de qui il s’agit !


Au final, malgré la cohérence interne au métrage, on a parfois une impression de pétard mouillé :


En particulier, pourquoi avoir autant insisté sur les origines apparemment mystérieuses de Rey, pour n’en arriver que là ?…
Déjouer nos attentes, pourquoi pas, mais cela paraît un peu trop simpliste par rapport à ce qui semblait posé dans le premier film.


Restent quelques fulgurances liées aux scènes mêlant Rey, la protagoniste de cette trilogie, et Ben Solo (Kylo Ren). Plutôt inattendues, elles donnent lieu à une véritable alchimie entre les deux personnages, réellement stimulante et parfois même émouvante, à mille lieues des niaiseries et des roulades dans les foins d’Anakin et de Padmé dans l’Attaque des Clones. Malheureusement, celles-ci paraissent un peu noyées dans la masse, tout comme les scènes avec Luke, alors qu’elles auraient mérité un développement plus approfondi, s’agissant là du coeur de la saga.


Ryan Johnson a choisi de ne pas garder le premier script de JJ Abrams et au final, il en ressort que c’est dommage. Si le film ne se regarde pas si mal, cette nouvelle trilogie semble manquer de cohérence interne, et ç’aurait pu être pire encore avec un nouveau scénariste aux commande du neuvième opus. Pour l’épisode IX, avec JJ Abrams à nouveau aux manettes, la boucle devrait être réellement bouclée pour cette trilogie Star Wars, avec une histoire qui se terminera plus ou moins conformément avec ce qui était prévu dès l’épisode VII. Mais le risque est que cet épisode VIII pourrait dépareiller au milieu des autres.
Espérons au moins que JJ Abrams soit plus adroit que son prédécesseur et qu’il garde les pistes ouvertes dans cet opus, tout en comblant ses trous de façon agile et nous offrant un final digne de ce nom.

Moonrise
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le 20 juin 2018

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