Hail to the grief
Nulle surprise à ce que l’exposition de The Leftovers soit à ce point saturée de mystères : le créateur de Lost, Damon Lindelof, n’est est pas à son coup d’essai en matière d’écriture, et le monde...
le 7 janv. 2020
127 j'aime
14
Dans les premières minutes de the Leftovers, 2% de la population disparaît, un peu partout dans le monde. Ce n'est pas seulement qu'on ne sait pas où ils sont ; ils se sont évaporés dans la nature d'une seconde à l'autre.
Cet événement va changer la face du monde de façon subtile. On n'a pas affaire à un cataclysme, mais à quelque chose de suffisamment gros pour émouvoir toute la planète, et d'assez irrationnel pour remettre en cause toutes les certitudes de l'homme occidental du XXIème siècle.
Ainsi les personnages de cette série n'ont pas tous vu un proche disparaître, mais pourtant, ils semblent tous affectés d'une manière ou d'une autre. On parle à la fois d'affronter la disparition d'êtres parfois chers, et de la façon de gérer un vide qui s'étend bien au-delà. A travers le destin des personnages, la série montre comment les êtres humains y font face, que ce soit en tentant de le combattre ou en s'y abandonnant totalement. Tout comme dans Lost, de Damon Lindelof, nombre de mystères sont égrainés, mais ceux-ci ne semblent pas nécessairement être appelés à être résolus. Ils semblent avant tout là pour épaissir l'ambiance trouble et irrationnelle dans lequel baigne ce monde gagné par l'incertitude.
La foi religieuse, très présente comme on peut s'y attendre dans une série américaine avec un tel thème, semble elle-même prendre une dimension nihiliste, en particulier à travers la secte des Guilty Remnants, êtres habillés de blanc ayant renoncé à la parole, fumant sans cesse, qui ne semblent avoir pour but que de faire comprendre au reste de l'humanité que tout espoir est vain et que cet "Enlèvement" a privé toute chose de son sens. En parallèle, la foi intègre et sans concession du révérend Matt Mathison, joué par un Christopher Eccleston habité, semble presque hors-sujet dans la torpeur aride dans laquelle est plongée la planète.
Se déroulant trois ans après le désastre, la série montre le quotidien de cette humanité malade. La première saison dresse le portrait d'une ville qui doit gérer la disparition de ses habitants, à travers plusieurs personnages, dont deux (le révérend évoqué ci-dessus et sa sœur, dont la famille entière a disparu lors de l'"Enlèvement") ont droit à un épisode qui leur est dédié. Pour l'essentiel, on suit la famille du Shérif Kevin Gartner, qui n'a pas connu de disparitions, mais dont l'évolution témoigne du chaos ambiant.
Dans The Leftovers, il s'agit davantage de goûter à l'atmosphère douce-amère et lancinante dans laquelle est plongé ce monde, sublimée par la BO de Max Richter, d'en explorer les fissures et les craquèlements, que de relater une intrigue bien ficelée, qui pourrait ici se résumer par un enfoncement dans un chaos qui semble de plus en plus profond et inéluctable. Par conséquent le tout peut paraître lent et sinistre, mais cela n'est que le reflet du désarroi de ceux qui restent.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Top 10 Séries
Créée
le 6 févr. 2015
Critique lue 777 fois
9 j'aime
2 commentaires
D'autres avis sur The Leftovers
Nulle surprise à ce que l’exposition de The Leftovers soit à ce point saturée de mystères : le créateur de Lost, Damon Lindelof, n’est est pas à son coup d’essai en matière d’écriture, et le monde...
le 7 janv. 2020
127 j'aime
14
Après quelques incursions plus ou moins fructueuses au cinéma, le scénariste Damon Lindelof revient à ses premiers amours en adaptant en série TV, le livre The Leftovers (Les Disparus de Mapleton),...
Par
le 7 nov. 2014
105 j'aime
3
Le créateur de la série tentaculaire Lost et de la tant attendue nouveauté Watchmen, Damon Lindelof, est aussi à l’origine de l’une des plus grandes séries de la décennie : The Leftovers, inspirée...
Par
le 29 oct. 2019
75 j'aime
3
Du même critique
Neon Demon est à l’image du milieu où il se déroule, celui de la mode à Los Angeles : tout en se présentant comme un objet esthétique absolu, il est creux, vulgaire, outrancier, aseptisé. Et c’est...
Par
le 6 juin 2016
9 j'aime
3
Dans les premières minutes de the Leftovers, 2% de la population disparaît, un peu partout dans le monde. Ce n'est pas seulement qu'on ne sait pas où ils sont ; ils se sont évaporés dans la nature...
Par
le 6 févr. 2015
9 j'aime
2
A Perfect Day met en scène un groupe d'humanitaires durant la fin de la guerre de Bosnie en 1995. Dans le film, cinq protagonistes, aux caractères et origines variés, sont amenés à rechercher une...
Par
le 2 mars 2016
5 j'aime