Les défenseurs de Star Wars VIII avancent souvent que, contrairement au VII qui donnait vulgairement dans le fan service et le remake, ce deuxième film innovait en "déconstruisant" le mythe. Mais en vérité, "The last jedi" repompe tout autant le scénario de la trilogie originale :
Des rebelles qui fuient sans aller dans l'hyperespace ? ✅
Un aspirant jedi qui se forme auprès d'un vieux maître sur une planète inhabitée ? ✅
Une bataille sur une planète blanche avec des quatripodes impériaux ? ✅
Une cité magnifique et prospère qui se révèle trompeuse ? ✅
Le repompage est d'ailleurs tellement criant que, lors de la bataille sur la planète blanche, les véhicules rebelles ont une perche, dans le seul but de soulever une poussière rougeâtre et donc donner une autre esthétique à la scène... Quant à la "déconstruction du mythe", ce n'est même pas sa réalisation qui est discutable, mais sa RAISON D'ÊTRE. Qu'est-ce que c'est que cette idée de faire un Star Wars qui prétend cracher sur Star Wars ?
Il y a bien sûr le personnage de Luke, qui est non seulement un défaitiste (ce qui rompt totalement avec sa caractéristique principale, qui était l'optimisme, la foi en la lumière) et un psychopathe (ça va pas d'essayer de tuer son neveu ?), mais avant tout un vioque incohérent, qui change d'avis comme de chemise et ne fait que marmonner que "ouais, tous pourris, les jedis". C'est débile ! Que Luke essuie un échec et traverse une crise existentielle, ce n'est pas un problème, à mon sens. Seulement, il faut que ce soit pour des raisons logiques, qui colle avec le personnage. Par exemple, son optimisme aurait pu se révéler une faiblesse qui l'a empêché de voir la mauvaise pente sur laquelle s'engageait son neveu.
En parlant de neveu, Kylo Ren continue son arc de méchant fantoche, en prétendant être "attiré par la lumière", ce qui est assez étonnant. D'habitude, c'est le mal qui attire les gentils, qui sont tentés de céder à leurs pulsions égoïstes, violentes, etc. Mais là, nous avons donc un type qui ESSAIE d'être méchant, comme si c'était sa ligne de conduite, sa devise. Mais bon sang, les méchants le sont pas parce qu'ils élèvent la méchanceté au rang de principe, mais parce qu'ils ne se soucient pas de faire le bien ! C'est stupide, stupide. Pour compléter ce développement pitoyable, on nous fourgue une pseudo-romance avec Rey, relation qui décevra les auteurs de fanfiction, parce qu'ils ne pourront pas la rendre plus incongrue et gênante qu'elle ne l'est déjà.
Je ne m'étendrais pas sur les intrigues touchant Poe et la vice-amirale Holdo, si ce n'est pour dire que
1. des bombes ne peuvent pas tomber en ligne droite dans l'espace
2. les agissement d'Holdo n'ont pas de sens
3. Ce nouveau concept de "un vaisseau lancé en hyperespace détruit toute une flotte" crée une ÉNORME incohérence avec le reste de la saga. J'aurais pu admettre l'idée d'une attaque suicide, mais si le rapport coût-bénéfice avait été moins en faveur de l'attaquant.
L'histoire de Finn et Rose ne sert à rien. Le message social sur les riches et les profiteurs de guerre, même s'il peut paraître un peu bateau, m'a plu, c'est un aspect que l'univers de Star Wars oublie trop souvent à mon goût. Seulement, il est gâché par le fait que les héros ne libèrent que les animaux et pas les enfants esclaves. S'ils avaient déclenché une révolte ou emmené les enfants avec eux, le passage sur la planète Las Vegas aurait été un peu moins inutile.
Et enfin, il y a la Force, grande malmenée de cette postlogie. Désormais, le fantôme de Yoda (joué par un marionnette moins crédible que celle de l'épisode V) peut faire tomber la FOUDRE. Non, il ne s'agit d'éclairs, comme les seigneurs siths : la FOUDRE, depuis le ciel. Mais, rassurez-vous, ça n'affectera pas le déroulement de l'histoire, il ne s'en sert que pour allumer un autodafé, parce que, message qui plaira aux cancres du collège, "AUX CHIOTTES LES VIEUX TRUCS QUE DES VIEUX ONT ÉCRIT ET VIVE LES DJEUNZ !".
Snoke, l'empereur bis, a une maîtrise de la Force sur courant alternatif ; un coup, il peut mettre en contact Rey et Kylo et faire virevolter quelqu'un dans les airs, un coup il ne sent pas que son apprenti (dont il était en train de lire les pensées) s'apprête à le tuer. Luke, quant à lui, meurt d'un skype face à une rangée de quatripodes, mais sans avoir tué un seul sith, ce qui était ce que les gentils voulaient de lui, mais bon.
Bref, Rian Johnson, bien qu'il prétende faire l'inverse, continue sur la même mauvaise pente que son prédécesseur. Et de tout cela, il ressort que cette trilogie n'a décidément rien à raconter.