Un cas d'école ce Star Wars 8: les Derniers Jedi. Un cas d'école car c'est le premier film Star Wars où je suis totalement déboussolé en sortant de la salle. Ais-je aimé ? Oui, c'est indéniable. Suis-je déçu ? Sur certains points, c'est évident.
Un film moyen donc ? Pas aussi simple car sur près de 2h30, bien étirées (le film accuse un sérieux ventre mou après son premier acte) Les Derniers Jedi brasse énormément de choses. Des bonnes et... des moins bonnes. Du plus fondamental dans la galaxie Star Wars à des aventures, en parallèle, pas forcément inspirées... Un retour au source ET en même temps, on a cette impression que le film veut comme faire table rase du passé. Un passé trop lourd à porter sans doute, et puisqu'on ne peut être au niveau de la trilogie originelle, on décide de détruire les piliers fondateurs de la saga pour repartir vers d'autres directions, débarrassé, allégé. L'intention est osée, louable pour certains, mais surtout casse-gueule parce que Rian Johnson entend retrouver une mystique derrière cette liquidation en règle. Et là il se prend les pieds dans le tapis céleste si j'ose dire... L'évocation s'avère balourde, les scènes gênantes, et elles ne peuvent, malheureusement pour le film, que faire écho à l'autre grande scène "spirituelle" de Star Wars, celle de la rencontre dans la grotte sur Dagobah dans L'Empire contre-attaque. En moins bien, vous aurez compris.
Ils font en outre le choix, à mon sens ici illogique, de brûler au propre comme au figuré, l'enseignement du passé afin de donner une dimension plus universelle, moins élitiste, à la tradition Jedi. Si je comprends le but, la manière détone, et dénote vu le coté très intransigeant qu'avait la "Force" depuis le premier film. Choix bancal.
Rian Johnson joue donc sur deux tableaux: s'affranchir et s'émanciper. Mais il ne fait littéralement ni l'un, ni l'autre. Il louvoie entre ses deux velléités. Et ça donne quoi au final ? Un film bâtard, sans doute, sincère mais inévitablement un peu vain. En témoigne toute la séquence sur la "planète casino" où il multiplie les effets, il mouline dans la patine Star Wars, en vrac, en nous donnant du bestiaire d'extraterrestre à la pelle, de l'action mièvre et oubliable.
Mais Les derniers Jedi, heureusement, trouve aussi ses moments de bravoure. Déjà, un esthétisme réjouissant souligne au mieux les combats. Les sabres-lasers, magnés ici avec style et puissance, rappellent les katana dans la grande époque des samouraïs d'Akira Kurosawa. Tranchants et brutaux. De même que les luttes entre vaisseaux spatiaux dans l'espace ou le déploiement d'armées à terre sont réalisées avec ampleur, majesté. Quelques plans semblent bien appuyés pour imprimer l'image iconique certes, mais l'effort de Rian Johnson paye lorsqu'on se surprend à fermer le poing, preuve d'une tension pas feinte, ou lorsque nos yeux, imperceptiblement, s'humidifie à la vue d'un superbe Luke Skywalker retrouvé. De la classe dans la réalisation de l'américain, c'est incontournable.
Même après avoir écrit tout ceci, je n'en suis pas bien plus avancé sur mon ressenti final. Ses intentions sur certains aspects m'ont convaincu, d'autres m'apparaissent maintenant comme rédhibitoires. Un jour plus tard, il m'en reste quoi au juste sinon une rétine imprimée d'images fortes, certaines charmantes, d'autres maladroites ? Rien.
Le nouvel espoir promis a quelque peu diminué depuis hier...