On grandit avec certains films, certains univers, qui prennent une place toute particulière et sont sanctuarisés dans nos petits coeurs de grands enfants. Je crois avoir appris en autodidacte à me servir d'un magnétoscope avec les VHS de Salvatore Adamo et de Star Wars que j'envoyais en boucle dans la petite trappe. Et pourtant, je n'ai jamais été vraiment opposé à la nouveauté dans un univers, pour peu qu'on ne nous serve pas des trucs louches. J'en veux pour preuve avoir beaucoup aimé l'épisode VII et le lot de nouveaux personnages qu'il apporte. J'ai souffert, puis salué le choix d'en faire disparaître d'autres. Cet opus était pas parfait mais grosso-modo, et sans volonté de choquer aucune, je pense même que si je ne devais en garder qu'un, il serait en lice avec l'Empire contre attaque pour le titre.


Mais voilà, J.J Abrams a eu le culot de passer assez finement le flambeau à la jeune génération, de sortir un film pêchu et pas ennuyeux. Alors j'attendais énormément de ce Star Wars 8 !
Sauf que c'est une de mes pires expériences au cinéma.


Je suis sorti de là en colère, une colère contenue, sourde, indicible face à la tournure qu'on a donné à l'épisode censé rétablir l'équilibre au sujet de la Force !


Le respect, Rian Johnson n'en a aucun ! Le Réveil de la Force avait été attaqué notamment pour son manque de prise de risque et d'originalité, ce qui peut encore se discuter. Mais il avait passé le flambeau à une jeune génération en douceur, avec respect pour le mythe, un travail plein d'amour qui se retrouvait dans le choix d'effets spéciaux à l'ancienne et un peu de nostalgie servie ici ou là avant le grand voyage, le grand saut dans l'avenir de la franchise. Et un potentiel narratif... dément.
Ici, avec cet épisode 8, tout ce qui avait été amorcé par J.J est sapé ! Les origines de Rey ? Une simple fille de ferrailleurs ! On ose espérer que c'est faux, que cette parole de Sith n'est que tromperie, et que le vaisseau entrevu dans la vision de Rey lorsqu'elle touche le sabre de Luke pour la première fois cache un mystère plus épais et pas une simple incohérence dans ce foutu épisode 8 !
Luke ? Mark Hamill avait déjà fait part de son désaccord au sujet de l'écriture du personnage. On comprend bien pourquoi ! La très prometteuse scène finale de l'épisode 7 est ici balayée avec un Luke qui prend le sabre et le jette par devers lui, dans un comique un peu bouffon saupoudré tout le long du film ! Bon, ça passe encore... c'est parmis les premier gags et y'a encore de l'espoir à ce moment.


Mais enfin ! Le ridicule de ces scènes ! Une Leia qui flotte dans l'espace, que l'on croyait morte et qui revient après l'explosion du pont de commandement, comme portée par un escalier mécanique un jour de soldes ! Scène au rabais ! La "fuite" de Finn et sa rencontre avec Rose, "ahah elle a mis un coup de tazer à Finn" ! KOMIK.
Cet humour omniprésent, où l'on ridiculise Hux, un type assez badass dans le 7 et qui faisait de l'ombre à Kylo, n'est ici qu'un bouffon qu'on flanque dans les murs comme on jouerait avec une pâte à prouts ; dont on fait un crétin sans envergure ! Souvenez-vous les amis ! Cette scène consternante où Hux et Poe se font face et où l'on nous fait le coup du "je t'entends pas bien! Hugs ? Allo ?". Mettez-moi ça en perspective avec la rencontre Poe/Kylo de l'épisode précédent où le résistant demandait, à genoux : "Who talks first ? I talk first ? You talk first ?" Et nous avons toute la différence entre ce qui faisait l'humour Star Wars jusqu'alors - clairsemé, pas toujours fin mais rarement insistant (Jar Jar, tu me fais mentir) - et ce putain d'épisode 8 où tout est prétexte à un gag qui n'en finit pas !


Il y a quand même des moments qui ont beaucoup de gueule dans ce film, et là, faut bien le souligner : Kylo prend de l'épaisseur. Sa trahison du Suprême Leader nous donne une très belle illustration de la race des siths ! Calculateurs et envieux, traitres, corrompus par le pouvoir ! Le passage en vitesse lumière venant trancher en deux le vaisseau amiral du Premier Ordre et ce silence sont d'une beauté supérieure et ça ne fera pas débat.


Cependant, je vois aucune originalité dans ce film de merde qu'on nous a pondu là. Y'a des redites de l'Empire contre attaque (la grotte, le côté obscur), du retour du Jedi (les deux jeunes se battent devant l'Être suprême), et côté humour tout a été puisé dans un mauvais épisode de Mister Bean ou des Simpson. Il y a une volonté manifeste de vouloir mettre à bas ce qui a fondé le mythe et l'épopée mais pour le remplacer par quoi ? Je vais vous le dire !


Qu'il est mignon ton Porg ! Oh regarde les petits renards de cristal ! Whah ! Il faut libérer nos amis les chevaux chelous de ces sales oppresseurs à la botte de marchands d'armes, qui vivent dans ce lieu de perversion où trainent des personnages secondaires sans envergure qui pourraient aussi bien ne pas exister (Benicio del Toro). Regarde un peu les gardiennes de l'île de mes balls, elles sont pas marrantes à être en colère après Rey ? eheh c'est génial ! Quel univers profond ! Ah la belle satyre de la société capitaliste pleine de cyniques connards ! Bon, tu vas quand même m'acheter des peluches Porg et des petits renards de cristal hein ? Gamin ? Oui toi, Gamin ! Toi qui peut aussi maîtriser la force car le film se termine sur un plan de toi ! Achete mes jouets couillon sinon t'es pas Part of the Legacy ! Tu trahis ton père qui était fan hardcore avant toi !


Voilà comment l'épisode 8 me perd. Je n'arrive pas à rentrer dans le film car la volonté de faire du neuf côtoie la volonté de vendre du niais et du poncif de bonté. La volonté de faire rire rend les 4/5 des personnages abrutis. Les persos secondaires n'ont plus aucun intérêt, on ne s'y attache plus. Rose ? Superbe idéaliste ratée qui parle trop. Finn ? Un mec qui a des couilles, qui était à deux doigts de donner sa putain de vie mais est empêché par Rose, idéaliste-ratée qui se "tue" en empêchant la scène héroïque du film d'exister. Benicio - Las Vegas Parano - del Toro ? Le gars aurait pas juré dans Pirates de caraïbes avec son rôle ultra-cliché inutile. Leia est reléguée la majorité du film au profit d'une femme sans charisme et sortie d'on ne sait où. Poe est un peu plus fouillé mais ce pseudo arc narratif autour de lui ne fait pas avancer le schmilblik global pour autant. Il est même responsable de plusieurs erreurs stratégiques et passe franchement pour un con, quoi que nous en disent de bon Leia et l'amiral intérimaire d'un air entendu. Genre "Poe, qu'est-ce qu'il est con mais c'est quand même un bon gars ma chère." Hallucinant...


Mais où va-t-on je vous le demande ? Nul part !
Car il ne se passe rien en fait dans ce film à part la mort de Snoke et la disparition - je vais me taire - de Luke. On a pas bougé d'un poil depuis l'épisode 7 si ce n'est que Kylo est un peu plus Badass, Rey un peu plus forte, Han un peu plus mort et Luke... Luke... Un peu moins là au final que dans l'épisode 7. Mouais. Et puis littéralement, on ne va nul-part ! Qu'est-ce que c'est que ces décors de fauchés ! Le Premier Ordre c'est l'armée du salut ! Les gars ont tout investi pour faire deux gros vaisseaux mais ont plus de chasseurs pour attaquer ou défendre ! Résultat, le film se déroule dans le vide intersidéral, sur l'île de Luke, dans une ville-casino dégueulasse d'effets spéciaux qui vieilliront mal, et dans une forteresse stylée mais tardive.


Ajoutez que tout au long du film, si un personnage n'ouvre pas sa bouche pour moquer les traditions de la saga, ce sera forcément pour nous expliquer combien la situation est dramatique, combien ce qu'il fait est crucial, urgent, etc, etc... Nous raconter ce qu'on voit à l'écran, c'est de l'overkill pur et simple et c'est gavant ! Verbeux petit film prétentieux et raté.


Il y a deux ans, j'ai eu l'intention d'écrire une critique soignée pour l'épisode VII qui m'avait traumatisé mais que j'ai fini par aimer, adorer pour ce qu'il offre. Voilà tout compte fait, par un jeu de clair/obscur, de quoi lui témoigner mon affection. Par cette critique bête et méchante d'un film pourri qui devait relever le défi mais ne relèvera que le déficit de la firme aux grandes oreilles.

Willmore
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le 13 déc. 2017

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