Anti Western
Le western est un des genres les plus ouverts qui soit, peut être le plus multiple, qui va du spectaculaire, à l'intimiste, se mélange au film Noir, au polar, au drame social, MAIS qui est toujours...
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le 10 mai 2020
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Le western est un des genres les plus ouverts qui soit, peut être le plus multiple, qui va du spectaculaire, à l'intimiste, se mélange au film Noir, au polar, au drame social, MAIS qui est toujours fondamentalement reconnaissable, aussi loin qu'il s'éloigne des cow-boys (No Country for old Men, les Cendres du Temps, Firefly...)
Tourneur prend ici un contre pied risqué. Au beau milieu de western "d'action", histoires de vengeances, massacres, rapts, et de hors-la-loi comme il en pleut après guerre, il tente ici une sortie humaniste. Une apparence antithétique de plus dans sa filmographie touche à tout mais qui a pour point commun l'ambivalence humaine et cette figure de l'étranger, l'exclu, de l'Autre.
Jamais je crois n'avoir vu de Western "classique" avec un soin autant apporté à la vie du lieu. Dès la scène d'ouverture, la différence est tranchée. Vous êtes dans une petite ville américaine, avec ses passants, ses enfants qui jouent, sa petite communauté qui sort de la messe puis le conte commence : l'arrivée du nouveau pasteur dans sa petite ville (et ce sublime mouvement de grue).
Présentation réussie, parodie sans aucun cynisme de la traditionnelle scène du saloon. Un homme entre, le silence se fait, on poses ses colts sur le bar et "au commencement était le Verbe et le Verbe était Dieu"
Le Verbe est dans ce film la force du récit. A la fois les sermons du pasteur qui unissent la communauté, ses chants et le film lui même, souvenirs racontés par le fils dudit pasteur, comme une Parabole de plus. Là est toute la force de Stars in my Crown qui joue comme un exorcisme avec les codes du western : non, l'Amérique n'est pas une terre de violences et de meurtres, d'injustices, d'intolérence. Sorte de prophétie autoréalisatrice? Réécriture de l'Histoire? Mais nooon, un conte! Un modèle à suivre, une utopie du passé pour inspirer le présent.
Après tout l'enfance est le coeur du récit, dès les premières images, les enfant sont partout. On les suit à l'école, jouer dans les bois, dans les fermes à aider leurs parents, et dans cette magnifique scène de spectacle ambulant, où la fascination de la foule de petits enfants n'est pas feinte une seconde.
Il serait malgré tout réducteur de le cantonner au conte, car il n'est pas tout à fait coupé de la réalité, le tragique a aussi sa part dans ce film où les part d'ombre sont aussi noires que l'utopie est belle. La fin d'une audace (sans déconner j'étais bouche bée) que je n'avais jamais vue, romp avec le mythe et nous ramène directement au réel : une Amérique rongée, déjà, par le capitalisme, le racisme et la manipulation (très fine vision d'une avidité sans vergogne sous couvert d'idéologie "pour le bien de tous") des faibles par les puissants. Tourneur rachète Naissance d'une Nation.
Loin de tout cynisme, Stars in my Crown est une parenthèse un peu seule dans la chronologie du western, et même dans la filmo de Tourneur, ce qui en fait, d'après moi, un incontournable.
Loin de tout cynisme, Stars in my Crown est une parenthèse un peu seule dans la chronologie du western, et même dans la filmo de Tourneur, ce qui en fait, d'après moi, un incontournable.
On oublie la capacité de Tourneur à utiliser les codes, faire appel à un imaginaire purement américain dans lequel il pioche ses inspirations, entre Mark Twain et Hawthorne plus que chez Buffalo Bill. La seule règle dans cette petite ville où la figure du Sheriff brille par son absence est celle de "faire société".
Rien d'étonnant à ce que le film soit tombé dans l'oubli, ce qu'on peut comprendre face à la déferlante "spaghetti" et torturée des décennies à venir. Le film semblant surement trop enfantin, trop idéaliste, voir bisounourso-guimauve comparé au tournant critique de la violence humaine et de la désillusion du rêve américain. On peut le comprendre. Aujourd'hui semble une bonne période pour tenter de reprendre foi en l'espèce humaine.
TL;DR : 8/10, montrez le à vos enfants.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les Grands et Les meilleurs films de Jacques Tourneur
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le 10 mai 2020
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