On peut difficilement faire moins accrocheur qu'un film d'Alexander Payne avec Matt Damon sur des gens qui rétrécissent. Autant dire que je n'en attendais pas grand chose.
Et puis la bande annonce m'a laissé avec des questions, je me suis donc jeté à l'eau.
Downsizing est finalement une fable, un conte philosophique assez bien foutu.
On pourra penser que le thème est vu et revu. Paul (Matt Damon) est un homme comme les autres, un peu benêt, pas un sale type, au contraire. Mais un type lambda, qui a les idées un peu courtes. Il suit ce qu'on lui dit, les conseils de ses amis qui ont "downsizé", pour qui la vie est devenue tout ce qu'ils désiraient. En ne faisant plus que 12 cm, on devient automatiquement riche, on peut tout avoir, ne plus travailler, ne plus réfléchir. Pour sa femme qui veut absolument déménager, ils se lancent.
La maison standard, la ville standard, les tableaux standards, Barbie et Ken dans leur nouvelle résidence/parc d'attraction, mèneraient la vie de chateau. Enfermés dans leur Leisureland, oisifs, ils contribueraient a changer le monde. Une utopie capitaliste absurde, typiquement américaine.
Et puis c'est le drame, madame ne peut pas, divorce. Paul a tout perdu et n'essaye pas vraiment d'y faire quelque chose.
Seul, il a un petit appart, un petit job et un voisin du dessus qui a comprit les failles du système: tout le monde s'emmerde à Leisureland. Alors ça deal. Le très bon Christopher Waltz et ses copains donnent du relief à l'intrigue au moment où elle semble s'essouffler.
Commence une nouvelle aventure pour Paul/Candide qui découvre un envers du décor dont personne ne se préoccupe. Le downsizing pour lequel l'américain moyen paye pour devenir riche est aussi infligé de force. Leisureland que l'on croyait un petit état autonome jusque dans ses jobs merdiques, n'est en fait qu'un Far West humain.
Là encore, Paul et son "bon sens" fait ce qu'on lui dit. Il acquiert une petite conscience politique. Toujours un peu stupide, un peu pathétique, mais c'est un bon gars. Un mec comme vous et moi, quoi.
Il voyagera encore et fera des choix, avant de revenir changé. Oui, il y a du Voltaire là dedans. Jusque dans la réa, a une distance sensible et juste de ses personnages. L'humour aussi, noir parfois, cynique juste ce qu'il faut. Humaniste, c'est clair. Et même, chose rare en notre époque qui aime se morfondre, optimiste sur la nature humaine.