Parce qu’un film aussi outrancier mérite une critique au titre aguicheur.


« Starship Troopers » démarre comme un "teen-movie" des années 1980. De jeunes hommes et de jeunes femmes assistent, un brin passifs, à ce qui ressemble à un cours d’éducation civique. Bien trop beaux pour être honnêtes, ces gueules d’ange semblent plus intéressés par l’imminence du bal de promo que par le radotage du professeur sur l’importance du service militaire, lequel récompense les courageux par un accès à la citoyenneté de la Fédération terrienne, passeport inestimable pour l’avenir.


Nous sommes au XXIIIe siècle et l’espèce humaine s’est développée au-delà de son système solaire natal, découvrant même des espèces extraterrestres. Au nombre de celles-ci, les terrifiants "Arachnides", une race d’insectes intelligents belliqueux, maîtrisant le voyage interplanétaire et des techniques militaires dévastatrices les rendant capables de bombarder des mondes à distance en détournant de petits astéroïdes.


Face à la menace grandissante représentée par cet ennemi agressif et extrêmement hostile, la Fédération offre des avantages généreux à ceux qui choisissent de servir sous les drapeaux : bourses d’étude, permission d’avoir des enfants plus tôt, droit de vote… une sorte de "super-citoyenneté", en quelque sorte, pour ceux qui acceptent les risques (colossaux) de la guerre spatiale.


Plus par ennui et pour impressionner sa copine qu’autre chose, à la sortie du lycée, Johnny Rico décide de s’engager dans l’infanterie, les "troopers" qui mènent le combat à la surface, en première ligne, face aux légions Arachnides. Ladite copine, Carmen, rejoint quant à elle la flotte, tandis que le meilleur ami de Rico, Carl, s’engage dans les services de renseignement. Les voilà prêts à connaître les joies de la camaraderie parmi leurs corps d’adoption.
Si l’entraînement est une expérience pour le moins… intéressante pour les jeunes recrues, le choc de se trouver finalement sur la ligne de front constitue un tout autre choc.


Ce que je trouve particulièrement intéressant dans « Starship Troopers » c’est la multiplicité des tons de récit que l’on a, des sous-genres qui se superposent sans que l’un d’entre eux ne prenne le pas sur les autres. Le film s’ouvre comme un teen-movie, avec des personnages en phase de quitter le lycée et qui se posent des questions sur leur avenir. S’engager sous les drapeaux ? Poursuivre un prestigieux cursus universitaire ? La suite revêt les atours du film de guerre, avec l’entraînement de Johnny Rico dans l’infanterie mobile rappelant immanquablement la première partie de « Full Metal Jacket », et l’enfer de l’invasion ratée de Klendathu prenant les accents apocalyptiques des batailles de la guerre du Pacifique. Sans oublier évidemment l’aspect science-fiction, très détaillé, qui se traduit à l’écran par une technologie supérieure, des planètes exotiques et une race extraterrestre variée et largement détaillée.


Evidemment – et il n’y a pas besoin d’aller beaucoup plus loin pour s’en rendre compte – le film constitue aussi (et surtout ?) une satire assez virulente de notre société occidentale, et en particulier des Etats-Unis. En s’appropriant les codes du teen-movie (héros jeunes et beaux gosses, fin de la période lycée), le film donne un véritable sentiment de "Barbie et Ken" dans l’espace : au lieu de faire carrière chez Ralph Lauren, nos personnages découvrent l’espace avec un enthousiasme débordant et un patriotisme dégoulinant – rappelons qu’ils ne s’engagent que pour aller botter les fesses de "l’ennemi" qui menace la Terre. La réalité de la guerre, le massacre d’amis proches, la perte d’être aimés, a tôt fait de leur remettre les pendules à l’heure. De façon curieusement prophétique, le comportement de la Fédération, qui agit de crainte de voir les extraterrestres utiliser leurs armes à distance sur la Terre et déclenche une invasion presque préventive me semble préfigurer l’attaque américaine en Irak, avec les mêmes résultats désastreux qu’on connait.
Le film se permet également d’épingler, de façon souvent très ironique, de nombreuses dérives de la société moderne : influence des médias (qui sont aussi abrutissants), nationalisme exacerbé, formatage des jeunes… tout en proposant aussi une vision de société du XXIIIe siècle où hommes et femmes sont totalement égaux. Le film a vingt ans et nous en sommes encore loin. Espérons qu’on n’aura pas à attendre deux cent ans pour l’atteindre…


Si cette satire sociale est prépondérante et constitue probablement le cœur du message véhiculé par « Starship Troopers », elle n’étouffe cependant pas les autres dimensions du métrage. Certains films perdent beaucoup d’intérêt en tentant de marteler leur morale avec beaucoup de lourdeur, ce n’est absolument pas le cas ici. Bien qu’il soit impossible d’ignorer le côté éminemment critique et politique du film, il est également tout à fait possible de l’apprécier pour ce qu’il est : un film de guerre dynamique et bien rythmé. Les acteurs sont tous très bons et possèdent une vraie alchimie (en particulier Casper Van Dien et Dina Meyer). La camaraderie touchante qui unit l’infanterie mobile, composante indispensable de tout bon film de guerre, est aussi présente ici. Enfin, l’ennemi est dévastateur, intelligent et superbement détaillé ; les aliens, les Arachnides, possèdent des sous-espèces qui ont chacune leur rôle : troupes au sol, tanks, artillerie… et un côté très organique, ajouté à un esprit de ruche, qui les rend très proche des "Zergs" qui apparaîtront l’année suivante dans le jeu de stratégie légendaire « StarCraft ». Un tel souci de détail est louable !


Donc, au final, si « Starship Troopers » a vraisemblablement une volonté de satire, je m’en fiche un peu. En bon amateur de teen-movies, j’apprécie le développement des trois personnages principaux, j’adore cette ambiance de film de guerre et cette amitié qui unit les personnages, et, pour les beaux yeux de Dina Meyer, j’en reprendrai bien deux heures.

Aramis
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le 13 févr. 2017

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