Fascinante farce pour facher les fascistes

On peut aujourd'hui considérer "Starship Troopers" comme un véritable hold-up cinématographique. Avec un budget de 100 millions de dollars, Paul Verhoeven a livré une farce aux antipodes de ce que les studios produisent habituellement, et a probablement fait suer quelques cadres. Ultra-violent, drôle, caustique, audacieux, montrant de la nudité, navigant entre le premier et second degré : ça secoue !

En 1997, c'est pourtant un échec critique et public. Beaucoup de gens prenant très au sérieux cette histoire de dictature militariste humaine du futur partant à la guerre contre des insectes géants. Il faut dire que le marketing n'avait pas aidé. Heureusement, le film n'a pas mis longtemps pour atteindre le statut qu'il méritait. Jusqu'à générer des suites (sans intérêt).

"Starship Troopers" est avant tout une virulente charge contre le fascisme. Pointant du doigt comment une société peut vite partir en vrille et en bêtise quand elle cède à un militarisme aussi séduisant que brutal. Pour appuyer le propos, les références au 3ème Reich sont légions ! Costumes, insignes, discours, et même des plans/scènes calquées sur le film de propagande "Triumph des Willens" !

Pour ceux qui douteraient des propos du film, rappelons que Paul Verhoeven a personnellement expérimenté les résultats du fascisme, ayant grandi aux Pays-Bas sous l'Occupation.

Par ailleurs, le réalisateur et son scénariste, tout comme dans "Robocop", se payent la tête de la société américaine. Les médias en prennent pour leur grade, avec des reportages interactifs ponctuels, géniaux d'hypocrisie et de sensationnalisme.

Mais également l'image du rêve américain, avec cette peinture irréelle de la jeunesse. Beaucoup d'acteurs sont issues de séries TV de l'époque, et ont été volontairement choisis pour leur physique ridiculement sculptural. Et leur âge improbable, la plupart approchant les 30 ans alors qu'ils sont sensés incarné des jeunes qui sortent du lycée... Là encore, c'est aussi une manière de faire du pied au cinéma de propagande nazi.

Le Hollandais Violent enverra ainsi tout ce petit monde se faire massacre dans une guerre absurde. Et il ne prend pas de gant. Avec des morts ultra-graphiques, de la satire drôlissime, et des scènes de combat efficaces.

Près de 30 ans après sa sortie, "Starship Troopers" affiche quelques effets visuels qui ont mal vieilli, mais dans l'ensemble l'action fonctionne toujours très bien. Les affrontements avec les arachnides étant encore très convaincants, et les grandes batailles gardant leur aspect épique.

Ce qui explique aussi pourquoi certains ont pris le film au premier degré : parce que l'action au premier degré y est pétaradante !

La BO de Basil Poledouris joue de son côté sur la thématique militaire, proposant des morceaux bien sentis, et quelques envolées épiques.

Côté acteurs, il faut bien dire que certains ont un jeu limité (ce que regrettera un peu Verhoeven par la suite). Même cela s'accorde aussi avec le message du film... Néanmoins, Casper Van Dien, qui trouva là le rôle de sa carrière, convient bien à ce rôle de gosse de riche musclé qui devient soldat d'infanterie beuglant. Le film bénéficie enfin de quelque très bonnes têtes, dont les grognards Michael Ironside ou Clancy Brown !

Film de SF ou de guerre, au choix, "Starship Troopers" est en tout cas un bug dans la matrice, une sacrée farce à gros budget comme peu ont pu voir le jour.