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La franchise Starship Troopers aura beaucoup souffert de ses exploitations, ce qui n’était pas forcément une évidence, lorsque la première adaptation du roman de Robert A. Heinlein, Uchu No Senshi, vit le jour en 1988. Les japonais avaient restitué une oeuvre fidèle au matériau d’origine, exactement le contraire de ce que fit Paul Verhoeven avec son long-métrage en 1997, bien que cela n’enlève rien à l’excellence du film, second volet de la critique de la société américaine que le cinéaste avait entamé avec Robocop.
Edward Neumeier, pourtant scénariste du premier, de même que Robocop, nous a hélas terriblement déçus avec les scénarios qu’il a écrit pour le second et le troisième opus de cette guerre contre les arachnides. A sa décharge il faudra bien reconnaître que d’un budget de 100 millions de dollars nous passions à 7 pour le second et 9 pour le troisième. Pas vraiment étonnant donc que Héros de la fédération (le 2) ait été un huis clos. Le scénario était d’ailleurs tellement générique que l’on aurait pu croire à un produit n’ayant rien à voir et auquel on aurait rajouté ensuite des gimmicks du premier afin de le vendre en tant que produit rattaché à la licence. En effet, nous n’avions qu’une histoire usée de parasite qui contrôle ses hôtes, rien de bien renversant. La seule chose rattrapant la bobine était la présence de Phil Tippett, coordinateur des effets-spéciaux de Robocop et du premier volet de Starship Troopers, qui a comme toujours réussi à nous servir de la qualité comme peu d’autres arrivent à le faire avec si peu de moyens. Ce qui cassait vraiment ce film était la comparaison avec le premier, alors qu’il est fort probable que s’il n’avait pas été rattaché à la licence il n’aurait pas été autant descendu.
Le troisième volet se voulait quant à lui un produit renouant avec le premier, d’où le retour de Casper Van Dien dans le rôle de Rico, et l’arrivée des exosquelettes, l’un des musts du bouquin qui n’avait pas été conservé dans la version de Verhoeven (faute de moyens et de technologie à l’époque). Malheureusement après un début sympathique avec de la castagne contre les arachnides ainsi que des flashs du Federal Network tous plus jouissifs les uns que les autres (le karaoké du Sky Marshall est une perle), la soupe se transformait en un périple un peu chiant au milieu du désert, conclue par une fin expédiée où l’on ne voyait que très rapidement les fameux exosquelettes, alors que le film portait leur nom, « Marauder ».
L’arrivée d’un quatrième opus sonnait comme une envie de descendre encore plus la licence tout en faisant de l’argent facile, mais l’annonce d’un film en CGI promettait le meilleur; fini les caches-misère et bienvenue à tout ce que l’on attendait depuis la série culte Starship Troopers Roughnecks ! Les CGI sont sublimes, le chara-design se montre plutôt riche (surtout au niveau des mecs, les femmes étant quant à elle très communes), les armures ont une classe fantastique, la restitution des vaisseaux spatiaux et arachnides est fidèle à ce que l’on a vu précédemment, mais surtout ça canarde, beaucoup, et les moments de bravoure sont légion, renvoyant au rodéo que faisait Rico sur l’une des bestioles. La production ne se veut pas non plus cul-cul et formatée pour un public jeune et passable à heure de grande audience, c’est gore, très gore, et on a aussi pas mal de nudité, encore une fois comme dans l’opus de Verhoeven. D’ailleurs c’est aussi ça l’exploit de la bobine, respecter le livre de Heinlein tout en faisant des clins d’oeil constants à Verhoeven, sans pour autant reprendre les gimmicks aisés. Pas de spots de la fédération, simplement un « would you like to know more ? » dit ironiquement par l’un des protagonistes, de même qu’un placement de la réplique de Rico « Come on you apes ! You wanna live forever ? ». Le réalisateur, Shinji Aramaki, montre son respect pour les oeuvres des précédents auteurs, et il le fait bien, car le scénario de Flint Dille est quant à lui prévisible et sans grande originalité, se situant au niveau de ce que l’on trouverait dans n’importe best-seller vidéoludique (milieux d’où vient Dille, connu pour pour Butcher Bay, Dead to Rights ou encore Diablo III). Il va néanmoins à l’essentiel, avec des rebondissements efficaces sans être révolutionnaires, et même si certains passages sont affreusement clichés (la complainte de la sniper à propos de la relation avec son arme fabriquée par ses parents tués par les arachnides en est un bon exemple).
On regrettera néanmoins une bande-originale très commune, faisant pale-figure face à celle de Basil Poledouris, qui sera d’ailleurs très brièvement reprise lors d’un passage décisif. Autre déception, le casting original n’a pas signé pour le doublage, oubliez donc Casper Van Dien (pourtant producteur exécutif), Denise Richards et Neil Patrick Harris.
Finalement ce Starship Troopers: Invasion est ce que l’on attendait depuis longtemps, à savoir un produit riche en action, visuellement impressionnant et ne prenant pas ses spectateurs pour des idiots. Il ne fait pas non plus l’erreur de vouloir se comparer à la bobine de Verhoeven, s’en détachant tout en y gardant des attaches discrètes, ne cherchant pas à le singer, mais simplement offrir un produit capable de donner un nouveau départ à la saga. Would you like to watch more ?
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