Dans la gare de Rome, Vittorio de Sica filme ce qui sont peut-être les dernières heures ensemble d'un couple adultère. On ne sait rien des deux amants sinon qu'il se sont rencontrés un mois plus tôt et que Mary, épouse et mère de famille, est déchirée. Prendra-t-elle ou non le train qui doit la ramener au foyer conjugal?
C'est l'enjeu du drame et, à vrai dire, on s'en fiche! De Sica réalise un mélo hors d'âge et met en scène une passion amoureuse dépourvue de sensibilité mais pas de clichés. L'unité de lieu et la foule des voyageurs où s'expose la solitude des deux amants relèvent de l'artifice romanesque que la pauvreté des personnages rend particulièrement stérile.
Très vite, on pressent l'impuissance des auteurs à faire évoluer la situation, à imaginer des incidents qui ne soient pas des tentatives vaines d'échapper aux contraintes du huis-clos. Un passage du film témoigne de cette incapacité, lorsque que les amants sont surpris dans un un wagon à l'écart et dûment verbalisés. L'incident, mineur et cocasse dans n'importe quel film, prend ici des proportions d'une gravité grotesque au motif que Mary est submergée de honte devant le commissaire de police fronçant les sourcils (Gino Cervi, dans une pige sans intérêt).
Montgomery Clift et Jennifer Jones font ce qu'ils peuvent pour exister, affectant souffrance et détresse, mais leur amour "scandaleux", même en considérant les moeurs de l'époque, ne relève que de la plus commune littérature...de gare.