Première remarque au bout de 30 secondes : mais quel-est donc ce film qui fait endosser à Joe Spinell, avec sa gueule de tueur en série mangeur d'enfants, le rôle du business man en costard à l'œuvre au sein d'une organisation immobilière ? Mais en fait, ce n'est que le tout début d'une longue série de dispositions très bizarres pour un film vraiment atypique, presque inclassable, avec Jeff Bridges tout jeune et riche héritier (une intro bien niaiseuse nous explique ça en même temps que la mort de ses parents, au travers de la voix off de son oncle) qui se décide à faire des affaires dans l'immobilier et à essayer de racheter une salle de muscu pour terminer un gros projet financier. Mais en se rendant dans la salle, il tombe sur une tribu un peu particulière, et il se découvre soudainement une passion pour le culturisme. On peut le comprendre, dans la salle s'entraîne un certain Joe Santo derrière la montagne de muscles de Arnold Schwarzenegger — pour sa première apparition à l'écran, il est vêtu d'un costume de Batman pour rendre l'exercice plus fun... Dont ce sera d'ailleurs le premier véritable rôle après deux anecdotes, "Hercule à New York" (6 ans avant, il était doublé ne parlant pas anglais) et "Le Privé" (la fameuse apparition en homme de main moustachu sourd et muet), et pour lequel il sera récompensé.
Globalement "Stay Hungry" n'a ni queue ni tête, et la seule chose intéressante c'est le côté pseudo autobiographique au travers de la préparation du championnat de Mister Univers. Pour le reste, c'est quand même beaucoup de n'importe quoi et de confus, avec notamment le personnage de Sally Fields, elle aussi très jeune, très inconstant — on relèvera surtout une improbable séance de réflexologie plantaire prodigué par Bridges dans l'escalier... Quelque part là-dedans, on peut aussi trouver Scatman Crothers, et c'est à peu près tout pour les éléments revigorants, en plus de la troupe de culturistes qui dévalent les rues de la ville à la fin du film et qui se retrouvent à faire des démonstrations de muscle aux passants, scène assez drôle. C'est très farfelu, il y a beaucoup de portions qui ne font pas sens dans les pétages de plomb (mention spéciale à une des dernières scènes avec prise de poppers), mais ça se suit avec une bienveillance pas trop difficile à alimenter.