Une belle découverte que ce Steel country de Simon Fellows ! À la fois thriller et étude de caractère, le film est porté par l'interprétation magistrale d'Andrew Scott.
L'acteur irlandais joue ici le rôle de Donnie, éboueur dans une bourgarde endormie de Pennsylvanie. Donnie est un homme solitaire qui vit avec sa mère handicapée. Il est séparé de la mère de sa fille de 11 ans qu'il adore. Lorsqu'un enfant disparaît puis est retrouvé mort, Donnie est profondément affecté. Une remarque fortuite de la mère du jeune garçon, laissant penser qu'il ne s'agit pas d'un accident, déclenche en lui la volonté obsessionnelle de découvrir ce qui s'est passé. Donnie est bien placé pour fouiller dans les poubelles des gens. Mais certains, surtout le chef de la police, veulent que ce personnage un peu bizarre cesse de se mêler de ce qui ne le regarde pas.
Dans Steel country, nous sommes clairement dans cette Amérique rurale qui vote Trump (les affiches du ticket Trump / Pence de 2016 sont visibles au début). C'est aussi l'Amérique des pelouses bien tondues et des hommes qui usent et abusent de leur pouvoir pour le conserver. En demi-teinte, le film est donc une critique sociale. Donnie lutte contre le système et les élites, représentées ici par le chef de la police et le médecin pédiatre.
Mais reste à expliquer les motivations de l'éboueur. S'agit-il d'une manifestation de sa personnalité obsessionnelle, voire autiste ? Y-a-t-il un lien avec l'amour et les craintes qu'il nourrit pour sa fille ? Ou bien a-t-il été lui-même victime dans son enfance ? A chacun de se faire une opinion car le film ne livre que des indices.
Si l'histoire ressemble à un thriller, le métrage est davantage une étude de caractère. Andrew Scott interprète à merveille le rôle de Donnie, attachant et vulnérable mais aussi quelque peu dérangeant. Il est bien épaulé par deux actrices très convaincantes, Bronagh Waugh (sa collègue Donna) et Denise Gough (la mère de son enfant). Le titre Steel Country se réfère bien sûr au monde ouvrier du Midwest. Mais l'autre titre - A dark place - illustre peut-être mieux le sujet du film : une zone d'ombre dans l'âme d'un homme.