"Au crépuscule de la vie, nous serons jugés par l'amour seul...
- Qui a dit ça ?
- Un vieux saint solitaire."
« Stella Days », c’est l’œuvre d’un passionné pour les passionnés. Ce que Thaddeus O'Sullivan signe, c’est un film à la gloire du cinéma. Le réalisateur irlandais montre comment le cinéma surpasse le statut de divertissement grâce à sa vertu fédératrice. En effet, la magie du cinéma permet de réunir les cœurs et les esprits autour d’une aventure commune, des évènements vécus par les héros vus sur grand écran.
Le film en lui-même est un peu osé, puisqu’il se permet de signaler que cette capacité à rassembler les hommes est plus aisément retrouvable dans le septième art que dans la religion. Cependant dans « Stella Days », la foi est souvent plus présente que la pellicule.
Le héros, le prêtre Daniel Barry est un homme à contre-courant des tendances de l’Eglise. Ayant passé quelques années de sa vie aux Etats-Unis, il s’est découvert une passion pour Hollywood et ses vedettes. Or, le pape n’accepte pas cette incitation à la débauche que ces fous d’américains vantent. Difficile donc pour le père Barry de réaliser son rêve, ouvrir son cinéma dans la petite ville irlandaise de Borrisokane, lorsque les habitants sont pétris dans leurs habitudes et leur aveuglement concernant les préceptes des hommes saints.
Le regard porté sur l’Eglise est parfois critique, surtout lorsque l’on se rend compte que le principal protagoniste n’a pas choisi personnellement cette voix, mais a plutôt écouté et obéi à la volonté de ses parents. De ce fait, « Stella Days » est un film traitant surtout du conflit : les conflits intérieurs du héros hésitant entre devoir et passion, les conflits au sein de la ville entre les habitants, les conflits politiques entre Daniel et son rival, les conflits auxquels le cœur de Molly est assujetti... Une communauté qui se déchire à cause de jugements hâtifs et mesquins.
Le film est également intéressant du fait du choix de son contexte : l’Irlande est alors en pleine modification. L’électricité se fait moins rare, les appareils électro-ménagers plus ou moins utiles arrivent dans les foyers. Le pays se modernise. Ainsi, le père Barry symbolise la modernité face au traditionalisme du reste du village.
Ce n’est pas pour autant que ces derniers sont inintéressants. Bien que l’histoire entre Molly et Tim ne passionne jamais, elle recèle en elle-même un constat sur la modernité de l’image des femmes et des mères de famille. Les acteurs, bien que jamais transcendants, sont corrects. Pour son jeune âge, Joey O'Sullivan livre une très bonne performance, hissant son personnage au niveau des adultes en termes d’intérêt porté. Martin Sheen est également bon dans son rôle de prêtre tourmenté.
« Stella Days » est remarquable dans sa vision de l’Irlande. Les décors filmés par Thaddeus O’Sullivan, sublimés par les musiques de Nicholas Hooper et la photographie (d’une personne dont je n’ai malheureusement pas trouvé le nom), sont incroyables, qu’ils soient d’intérieur ou d’extérieur !
Voilà. « Stella Days », c’est un beau film trop méconnu mais qui mérite sa chance. Encore une fois, merci à Arte pour les belles découvertes !