Tamara une jeune femme "simplette" a quitté des yeux son fils un instant pour prier. L'instant d'après, la balançoire où se trouvait Timka est vide. Elle part à sa recherche et traverse en miraculée un endroit du monde (post)apocalyptique, oublié des dieux où tous les hommes valides s'entretuent, se livrent à de sinistres trafics et survivent tant bien que mal à la folie, à leurs blessures, à la torture... Malgré sa fragilité, Tamara reste déterminée et s'associe à un type étrange, un enquêteur sans foi ni loi, cruel et nihiliste qui ne va pas la ménager mais aussi (grâce à une arme qui s'enraye...) l'accompagner dans sa quête. L'étrange duo composé d'une petite brindille bafouillante et d'un sauvage aux méthodes de persuasion radicales est la première originalité du film qui dès les premières images promet de vous emporter dans une histoire et un univers inédits. Il tient ses promesses jusqu'au bout, sans faillir, nous surprend tout du long et si un prix d'interprétation était attribué dans ce festival je l'accorderais sans hésitation à l'acteur phénoménal que l'on découvre ici (juste devant celui de Shock).

D'une violence inouïe, le film n'est pas à mettre devant tous les yeux évidemment et les traits d'humour fréquents offrent quelques respirations pour supporter la cruauté, la brutalité omniprésentes. Le réalisateur nous avait précédemment bousculés avec A dark dark man où il s'intéressait déjà au sort peu enviable des enfants dans des contrées du monde reculées. Ce Steppenwolf lui est grandement supérieur, plus abouti, plus généreux aussi. Et surprenant constamment car il nous donne à observer le parcours initiatique de deux êtres perdus mais déterminés et impitoyables dont on découvrira peu à peu le terrible passé justifiant les raisons de leur implacable nemesis.

Certaines scènes (l'ouverture, la traversée d'un barrage, la leçon pour apprendre à dire enfin non, la longue scène finale...) sont d'une ampleur remarquable qui ne font jamais douter que l'on est devant un grand film. La musique intense colle au sujet.

Dans un des films vu ces jours-ci un personnage l'affirme : "le mal n'existe pas mais il est nécessaire" ou est-ce le bien ? Ce film démontre de la façon la plus inattendue qui soit, qu'ils cohabitent parfois et le réalisateur nous offre une leçon de cinéma.

CE FILM A OBTENU LE PRIX DE LA CRITIQUE, bravo à l'inénarrable Philippe Rouyer et son équipe (Nicolas Schaller, Eric Neuhoff et compagnie).

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le 16 avr. 2024

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