Le genre biopic peut provoquer des nausées.
Plus encore s'il se centre sur la figure qui a crée d’innombrables gadgets et fanatiques.
Le plus frappant de Steve Jobs, biopic sur le célébrissime fondateur d'Apple, est qu'il ne paraît pas un biopic.
Les biographies dans le cinéma, pour sa part, tendent généralement à l'admiration de la personne et à faire un film de A à Z de sa vie et de ses œuvres, en commençant par sa naissance, puis sa jeunesse, son adolescence, jusqu'à sa mort.
Par contre, on remarquera que les meilleurs biopics, ne sont pas ceux qui suivent cette règle.
Mais ceux qui se centrent sur une ou deux étapes de la vie du personnage, et approfondissent au maximum sur celui-ci, c'est-à-dire l'extraction de son essence, de son esprit, jusqu'à faire une radiographie de sa façon de réfléchir, de sentir, ou d'aimer...
Car adapter un livre où la vie d'un personnage ne signifie pas de copier mot à mot ce qu'il y a marqué, mais plutôt de recueillir cette essence et là rendre différente comme l'a fait Apocalypse Now ou Shining.
Ou plus récemment comme Imitation Game sur le mathématicien Alan Turing (qui a une connexion avec Steve Jobs), ou The Social Network, qui a pas mal de points en commun avec ce film, entre autres, le même scénariste.
Le scénario d'Aaron Sorkin est simplement brillant, composé d'une façon théâtrale en 3 actes, 3 de ses plus importantes présentations (keynote) de sa vie, qui sont développées durant 3 époques différentes à travers les personnages, mais tous dans un même espace, le backstage.
Steve Jobs est assez similaire à Birdman dans cet aspect, avec un tas d'inconvénients de dernière heure ou des menaces préalables au showtime.
On nous offre ce que l'on ne voit pas habituellement et, dans ce cas, les moments les plus intéressants, derrière la scène.
Car si on veut voir les keynotes, on n'a qu'à aller sur Youtube pas au Cinéma.
Mais tout cela est réussis grâce à des dialogues intelligents, rapides et ingénieux, dessinant chaque personnage d'une manière subtile et forte.
Il est possible de connaître l'évolution d'un personnage tant dans son déroulement professionnel comme dans le plus intime.
- Enfin, assister à un film avec de bons dialogues à travers de bonnes interprétations est une des plus grandes délices pour les amants du 7ièm art, N'est-ce pas ? -
Un personnage, celui de Steve Jobs, qu'on nous montre comment il était réellement, avec un immense ego, brillant mais arrogant, égoïste et complexé, avec un visible manque d'empathie, ainsi qu'une tolérance nulle à la frustration, puis ses manques affectifs envers sa famille, son délire par la conception, l'image et le marketing, mais aussi l'envie d'avoir le contrôle total de ces produits...
Tout cela on le voit parfaitement dans ce film, grâce à un mémorable Michael Fassbender (prochain James Bond ?), qui n'imite pas Steve Jobs.. Il est littéralement dans sa peau. Il est impressionnant.
Mais sans oublier tout le reste du casting qui est parfait, avec un Seth Rogen (que j'aurais aimé le voir plus dans le film), et un Jeff Daniels immense.
Mais celle qui ma attrapait depuis sa première apparition, c'est Kate Winslet, magistral...
Ainsi qu'une réalisation, mise en scène et montage parfait, avec un Danny Boyle toujours brillant dans son style, qui est moins présent dans ce film, mais plus équilibré.
Et quoi dire de la musique.. Simplement parfait. Un Daniel Pemberton qui transmet une forte tension dans les moments clés du film.
Bref, Steve Jobs, est un film impressionnant niveau interprétation, réalisation, montage, photographie, scénario et musique, une véritable leçon de comment faire un biopic et de comment fonctionne le cerveau d'un créateur.
Note Final : 8