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On est ici plus en face d’un film d’Aaron Sorkin (raison principale pour laquelle on va voir le film) que d’un film de Danny Boyle, le réalisateur développant sa mise en scène autour du scénario écrit en amont. Projet tumultueux qui a vu plusieurs noms défiler, mais qui s’avère brillant dans son efficacité millimétrée et théâtrale, donnant justement le sentiment d’assister à une représentation scénique vue des coulisses. Scindé en trois parties (la présentation du Macintosh, du NeXT et de l’iMac), Michael Fassbender incarne un personnage fantasmé et pourtant proche de ce qu’il était. Égocentrique, il est aussi doté de cette capacité bien américaine de créer un monde à son image. Hors du temps – tout comme l’est le film – il trouve toujours le moyen de parvenir à ses fins, quitte à ce qu’il y ait de la casse. On a tendance à croire, à tort, que Steve Jobs est le penchant contraire de Jobs, sorti en 2013 ; ce qui est valable sur le simple fait qu’il ne traite par son sujet comme une nécrologie bienveillante. Il affabule, il crée un personnage de cinéma à partir du vrai, et il nourrit les fantasmes autant qu’il nourrit la haine que certaines peuvent avoir de lui. C’est une véritable performance scénique, qui dans la continuité de The Social Network, nous présente un homme qui veut tout contrôler, certain qu’il peut déplacer les montagnes. Un film en circuit fermé, qui fonctionnera aussi bien dans plusieurs années, comme les appareils que Jobs désirait concevoir.