Adapté d’un roman éponyme de Lisa Genova, «Still Alice» raconte le parcours d’une femme confrontée à l’angoissante certitude d’une dégénérescence mentale et physique programmée. Face à un sujet si grave, les réalisateurs Richard Glatzer et Wash Westmoreland ont opté pour une mise en scène assez conventionnelle qui reste sagement à la lisière du mélodrame tout en évitant la description trop froidement clinique de cette cruelle et inéluctable plongée dans l’oubli. C’est donc d’abord l’interprétation qui fait tout le prix du film. Habituée aux personnages de femmes fragiles mais courageuses («Boogie Nights», «Loin du Paradis»), Julianne Moore trouve ici le rôle ultime à la hauteur de son talent qui lui a enfin valu un oscar. On ne peut être que bouleversé devant ce visage triste et délicat sur lequel s’inscrit toute la gamme des émotions humaines. La surprise, lorsqu’elle perd le fil de son discours au milieu d’une conférence, l’incrédulité puis la peur panique lorsqu’elle se retrouve totalement désorientée sur le campus de l’université où elle a l’habitude de faire son jogging. Au fur et à mesure d’un scénario qui suit l’évolution de la maladie avec réalisme, selon les spécialistes, le spectateur ébranlé accompagne ainsi Alice et sa famille aimante mais impuissante jusqu’aux portes de l’absence définitive.
Critique écrite à la sortie du film