J'attendais ce film avec une réelle impatience. Depuis quelques années, les prestations de Julianne Moore me touchent de plus en plus. Le fait qu'elle soit récemment oscarisée pour ce rôle n'a fait qu'accroître ma curiosité.
Still Alice, c'est l'histoire d'une linguiste réputée, heureuse en mariage et mère de trois enfants qui apprend qu'elle souffre d'un Alzheimer précoce, une forme très rare de la maladie qui pourrait être héréditaire. Au départ, je me suis dit: évidemment, fallait qu'elle soit hyper intelligente et linguiste, en plus, pour rendre ça plus mélo. Mais finalement, si la situation qui la touche est en effet très ironique, elle nous fait d'autant plus comprendre l'horreur et l'isolement dans lesquels la maladie va la plonger. Alice ne perd pas seulement progressivement ses souvenirs, elle oublie également les mots et, ainsi, tout ce qu'elle a bâti au fil de son existence, tout ce qui la constitue en tant que personne.
Julianne Moore est impériale, son interprétation est à la fois juste et naturelle, elle n'a pas besoin d'en faire des caisses pour nous parler. J'ai aimé les réactions d'Alice face à cette nouvelle qui bouleverse sa vie: l'incompréhension, le déni, le sentiment d'injustice, la peur pour les siens, la combativité mais aussi la volonté d'abandon. J'ai aussi aimé la manière dont la famille est présentée: chacun est bien entendu "impacté" par ce choc et y réagit de façon très personnelle: la lâcheté du mari (un Alec Baldwin bourru et pourtant charmant), la douceur de l'aînée et la maladresse de la benjamine (pour une fois, Kristen Stewart ne m'horripile pas; elle est même touchante).
Un plan a particulièrement retenu mon attention: Alice se perd en faisant son jogging et sa confusion apparaît visuellement à l'écran, grâce au flou de l'arrière-plan qui nous rapproche davantage du personnage et nous plonge dans son immense détresse. Troublant! Autre moment fort: lorsqu'Alice ne se souvient plus où trouver les toilettes et qu'elle apparaît totalement démunie, comme une enfant qui ne peut dès lors plus se passer d'assistance. On ressent alors cette perte de contrôle qui est d'autant plus frustrante pour une femme qui a l'habitude de tout gérer à la perfection.
Un petit bémol, cependant, concernant la fin du film. La dernière scène ne m'a pas convaincue à 100% même si l'on peut apprécier le choix de la pudeur: ne pas montrer la démence, la perte totale des facultés intellectuelles. Cela n'enlève rien au fait que j'ai été totalement emportée par cette histoire. Oscar amplement mérité, donc!