Lion d'or à Venise. Et récompense ô combien méritée!

Film pictural en mouvement jouant sur le cadre, celui des fenêtres ouvertes, des ruelles, du découpage des immeubles éventrés dans le ciel, dans les paysages de ces Trois gorges chinoises, dans le fleuve, dans les cours, etc. Le cinéaste joue sur les verticales, les obliques, les horizontales. Cela relève de la magie.

Les couleurs "amorties" comme disait à juste titre ma compagne à la sortie du film, jouant sur les contrastes entre les personnages plutôt dans des teintes foncées, sombres et les paysages éclairés, verdâtres, pâles.

La découpe des lignes est floue, embrûmée, par les effluves des cigarettes, les accointances subtiles entre les différentes lumières, les panoramiques à la lenteur enivrante, les personnages tantôt statiques, tantôt insuflant un rythme, une musique détonnante, notamment lorsque les ouvriers martèlent dans un concert spontanné les pierres ou les tôles, donnant aux paysages une musique pleine de bruit et d'échos de l'activité humaine, celle qui modifie l'aspect des choses, en premier lieu celui de la nature, modelée, manipulée, malgré les hommes.

Le pourquoi nous échappe, les conséquences nous sautent aux yeux.
Les êtres humains, ce qui subissent, survivent dans ce cahot... ce chaos, s'entraident, s'escroquent, s'éloignent, se retrouvent. Les amours contrariées, retrouvées se téléscopent à travers des personnages perdus dans ce monde en mouvement, brutal et qu'ils parviennent tant bien que mal à supporter, voire à apprivoiser.

Un film magnifique. Beau. Profondement humain. Doux. Suave. Et touchant.

Et tellement étonnant. Je suis encore ahuri par les deux séquences incrompréhensibles des ovnis. En effet, on a droit pendant le visionnage de ce film impressionniste, esthétiquement délicat au passage inexpliqué d'un objet volant que l'on identifie très mal. On a de la peine à se convaincre qu'on a bien vu passer un ovni. On doute. Jusqu'à ce qu'on le voit bel et bien décoller plus tard. Une touche d'humour? Un clin d'oeil particulier? Quelque chose qui m'a échappé.
Alligator
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le 31 déc. 2012

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