Qui d’autre qu'un Japonais peut faire ce genre de cinéma, qui va au plus profond de l’être avec une légèreté et une absence de pathos totales ? Qui peut faire des films aussi purement "humains" sans dévaloriser leur sujet par le recours à la moindre "psychologie" ou "sociologie", pour "typifier" les personnages et les transformer en stéréotypes certes facilement compréhensibles, mais tellement réducteurs ?
Dans la "tradition Ozu", mais avec un peu plus d’humour, Kore-Eda nous offre avec "Still Walking" un portrait simple, mais profondément émouvant, d’une famille (ordinaire) en crise (ordinaire), émaillé de scènes littéralement enchantées : le plus beau plan du film, qui met les larmes aux yeux, est consacré à des mains d’enfants qui jouent à effleurer des fleurs sur un arbuste... et c’est sublime !
Et si la grand-mère est objectivement un monstre de cruauté placide (l’étourdissant épisode qui la voit chanter la chanson du titre est un moment littéralement implacable...), Kore-Eda sait aller jusqu’au bout du personnage tout en préservant toute sa beauté et sa fragilité paradoxales…
[Critique écrite en 2010]