Je vous laisse lire le synopsis pour me concentrer sur ce que ce film porte sans ordre d'importance. Il faut le voir en VO et s'accrocher à son anglais américain version débit à l'italienne... Dans la première partie, les dialogues fusent et sont tranchants comme l'assurance dans leurs convictions des 2 principaux protagonistes, avec cette impression que les mots ne suivent pas à la vitesse des réflexions que les cerveaux produisent. Plutôt jubilatoire quand on a attrapé le rythme. D'un milieu qui permet l'insouciance, ils ont tout (ou presque) pour eux, jeunes, beaux, 'assortis', mais ça ne suffit pas. Et justement l'absence de réelle difficulté existentielle les amènent à se concentrer sur leur TOC commune qui les englue, les empêchent d'agir spontanément et de prendre des risques, celui de tout théoriser sans cesse pour donner un sens à tout et son contraire.
Elle essaie de s'échapper de ce labyrinthe en se confiant au répondeur de sa mère toujours en goguette et absente, lui en bombardant de salves d'hypothèses sa psychothérapeute qui amortit les balles. A d'autres moments, ils tentent d'en sortir en se réfugiant dans leur univers commun, leur bulle, celui des films cultes. Au premier abord, ils partagent sans doute ce qui arrive rarement, une impression de se comprendre sans avoir à dire un seul mot, et ce 'deija vou' permanent, la même quête vers un absolu de 1&1=1. Mais voilà, à vouloir vivre un absolu, qui ne peut se contenter d'une esquisse de bonheur, et faute d'être patient, l'un se lasse et se persuade qu'ailleurs l'herbe sera plus verte... quitte à laisser l'autre seul avec des miettes, et à retomber dans le piège de l'insatisfaction maladive... Tout ceci est très palpable et bien rendu. Certes la seconde partie est-elle moins vivante, mais justement, elle est à l'image du manque de perspective qu'a cette liaison, et je me suis laissé séduire par la vulnérabilité qu'arrivent à incarner les 2 acteurs, lui sensible et trop respectueux de la liberté de l'autre, et elle trop droite pour se laisser aller et explorer une voie qui l'obligerait à lâcher prise.
Et même si je ne suis habituellement pas versé dans le 'happy ending' comme dirait Liza Minelli, j'ai vraiment souhaité que les touchantes larmes de Todd cassent le bouclier de Rory... mais après tout, la fin laisse chacun imaginer de quel côté aura penché leur histoire... un peu à l'image de l'indécision constante qui perle ce récit, sensible, drôle porté par 2 acteurs (trop) beaux et lumineux.
Reste que je me demande ce que pourra nous proposer James Sweeney à l'avenir...