Strange Way of Life et La Voix humaine, deux courts métrages complètement différents pour ce qui est du scénario, mais l'un et l'autre réalisés par Almodovar, sont actuellement proposés en salle, au cours de la même séance. Ils valent le déplacement. Et je serais incapable de dire lequel est le meilleur. C'est du Almodovar et personne d'autre que lui ne peut faire ce genre de films, avec ce brillant particulier, typique de ce réalisateur.
Commençons par le 2ème, celui qui est librement inspiré de La Voix humaine de Cocteau. La mise en scène est brillante (tant pis pour la répétition, c'est l'adjectif qui, en l'occurrence, colle le mieux), l'interprétation de Tilda Swinton excellente et le chien astucieusement utilisé (l'actrice s'entendant toujours parfaitement avec les chiens qui tournent avec elle et qui tiennent comme un vrai rôle dans l'histoire).
Grâce au travail conjugué du réalisateur et de l'actrice, une sorte d'angoissant suspense se crée au fil des minutes, et jusqu'aux toutes dernières, on se demande vraiment ce qui va se passer et comment tout ça va finir.
Ce court date de 2020, raison pour laquelle je l'ai présenté en premier.
Strange Way of Life, lui, est tout récent, il date de 2023. C'est un vrai western, bouclé en trente minutes. Typiquement almodovarien, il met en scène deux hommes faits de l'Ouest américain des années (au jugé) 1850, l'un sheriff d'une petite ville, l'autre propriétaire d'un ranch assez distant, mais qui revient en ville consulter pour un tenace mal au dos. Les deux hommes se revoient pour la première fois depuis vingt-cinq ans... Je ne vais rien révéler du reste de l'histoire, mais il se passe pas mal de choses (de péripéties) durant cette demi-heure. La fin, comme dans tout bon court métrage, est surprenante. Les deux acteurs principaux : Ethan Hawke et Pedro Pascal (que je ne connaissais pas) sont bons et choisis avec beaucoup de malignité. Et ceux qui les personnifient jeunes : très bien castés aussi, comme on peut s'y attendre de la part du réalisateur.
Ce court métrage pourrait donner lieu à toutes sortes de commentaires (au sujet notamment de la vision qu'a ou veut donner Almodovar de la virilité), mais comme je ne souhaite pas spolier l'histoire, je me contenterais de dire que ces 30 minutes donnent envie de savoir ce que le réal. ferait sur un temps plus long dans un film du genre. Serait-il capable d'écrire et produire un vrai bon western (ambigu ou pas ambigu du tout) comparable à ceux d'Eastwood, de Tarantino ou des frères Cohen (pour ne pas remonter plus loin) ? Pourquoi pas ? Espérons qu'il en aura la force, parce que, si l'on en juge par ce galop d'essai, ça risque d'être jouissif et assez explosif.
En général, je ne suis pas fan des courts métrages. J'aime plutôt les longs, dans lesquels on a vraiment le temps de s'installer, de s'évader, de changer de peau, de vie.
Mais ces deux courts-là portent clairement la marque de fabrique d'un grand du cinéma.