Diffusé au cinéma dans le cadre de ce qui est nommée l'Expérience Almodóvar (soit la combinaison de deux courts-métrages du réalisateur, celui qui est évoqué ici et La Voix humaine, sorti en 2020, qui fera l'objet d'une critique à part !), Strange Way of Life est un western qui parvient à dégager la personnalité du cinéaste. Par son esthétisme, avec ses tons alliant, d'une manière prononcée, couleurs chaudes et vives, mais aussi par ses thèmes, à savoir la relation homosexuelle entre les deux personnages principaux et le fait que celle-ci soit obsessionnelle. Pas transgressif étonnamment chez un monsieur qui aime bien transgresser. Du moins, ce n'est jamais mis en avant, alors que la période et le milieu dans lesquels se déroule cette romance avaient de quoi en injecter pas mal à ce niveau-là. Mais bon, pourquoi pas. En outre, Almodóvar se paye le luxe d'avoir deux stars internationales charismatiques et talentueuses, Pedro Pascal et Ethan Hawke.
Et qu'est-ce qu'il en fait de tout ça ?
Ben, pas grand-chose. Tout simplement parce que c'est un court-métrage et comme tout bon court-métrage qui se respecte sa durée est courte (ouais, je vous en apprends une chose de ouf !). Et essayer de condenser ce qui aurait pu donner la matière d'un long-métrage en 31 minutes ne peut qu'aboutir à un résultat vide, incomplet et frustrant.
Si on excepte un court flashback, la présentation et le passé des deux protagonistes passent uniquement par des avalanches de dialogues trop explicatifs pour paraître le moins du monde naturels. Déjà, rien qu'avec ça, en respectant le précepte "show, don't tell", il y a de quoi composer le premier tiers d'un long-métrage d'une durée de quatre-vingt-dix ou cent minutes. Les retrouvailles, le deuxième tiers. Et la confrontation finale entre les deux amoureux, l'un shérif, l'autre père d'un meurtrier déchiré entre le souhait de sauver sa progéniture, qu'il sait indigne, et l'objet de sa flamme, qui traque cette progéniture indigne, avait de quoi fournir toute une tension psychologique. Mais du fait du manque de temps, les interactions et les relations entre les trois personnages restent à l'état de superficiel.
Mais, bordel, vous n'allez pas me dire qu'un réalisateur, d'une telle réputation internationale, pouvant sûrement avoir à disposition des célébrités prêtes à vendre les organes de leur mère pour être dirigées par lui, n'avait pas la possibilité, en dehors de la maison de production de la marque Saint-Laurent (si, si… !), de trouver d'autres capitaux suffisants, venant de plusieurs boîtes diverses, pour accoucher d'un long-métrage ?