Stranger than Paradise est le deuxième long-métrage réalisé par Jim Jarmusch, ou il établit déjà clairement ce qui fera son style. Directement on sent une meilleure préparation que pour Permanent vacation trois ans plus tôt, notamment au niveau de l'écriture les enjeux sont plus nets, les situations plus limpides et surtout les dialogues de comédie dramatique mieux étudiés. Jarmusch ne nous raconte pas grand-chose l'arrivée d'une jeune femme hongroise à New York ou elle rencontre son cousin qui va la loger, et c'est à peu près tout ! Mais l'essentiel pour l'auteur n'est pas là, lui qui a toujours fait un cinéma fait d'anecdotes, d'humour pince sans rire et de personnages curieux; ses sujets sont l'ennui, la paresse, la solitude aussi parfois. La réalisation comme dit plus haut est déjà typique de ce que sera le style de l'auteur, des longues séquences en plan fixe dans des intérieurs dépouillés, le noir et blanc granuleux donnant un cachet très cinéma indie, la musique avec ici le morceau I Put a spell on you de Screaming Jay Hawkins revenant sans cesse, Jarmusch réussit à garder un côté bricolage et amateur venu de son passé dans la No Wave. On aime ou pas ce cinéaste a la patte toute personnelle.