Contemporaine des premiers films de Peter Jackson ( principalement Braindead et Bad Taste ) l'unique réalisation de Jim Muro fait montre d'une prodigalité crasse des plus percutantes. Street Trash - fable gore tenant place dans un édifiant cimetière de bagnoles squatté par des putes et des clochards - tient évidemment toutes les promesses annoncées par sa réputation de série B de prestige.
Tourné en grande partie à la Steadycam Street Trash reste donc un film prétexte à toutes les déviances possibles et inimaginables ; un conte scatologique au coeur duquel le sang, le vomi et les excréments auraient été remplacés par une abondance de peintures saturées et vitriolées, transformant l'immondice général en quelque chose s'apparentant à un étrange geste graphique. Particulièrement visuel le seul long métrage de Jim Muro témoigne d'une inventivité formelle inattendue, étayé par la fluidité des mouvements de caméra et la texture des effets spéciaux.
Le scénario, présenté comme un énorme délire tournant autour d'une réserve de philtres assassins convoités par une armada de SDF, se laisse suivre sans encombres en raison de dialogues crétins au possible mais parfaitement jubilatoires. Un brin nanardesque Street Trash avance à hue et à dia jusqu'à son générique de fin, sans payer de mine mais fort d'un capital sympathie suffisamment énorme pour arborer le statut de film culte. Etonnant.