Scott Cooper, qui avait déjà accouché de 2 long-métrages plus ou moins bien reçu par la critique, revient une troisième fois cette année avec Black Mass (ou Strictly Criminal). Le film avait fait un assez gros bruit grâce à sa bande annonce sidérante mettant à l’écran un Johnny Depp terrifiant. Alors, BA mensongère ou fidèle à l’entièreté de l’ambiance du film ? La réponse dans cet article.
Black Mass raconte l’histoire tirée de la réalité de Whitey Bulger, interprété par Johnny Depp, fondateur du gang Winter Hill de Boston, et de son parcours dans l’univers de la pègre américaine. Il sera aidé par son ami John Connolly, agent du FBI. On suivra aussi les liens de cette figure de chef de gang avec sa famille, particulièrement son frère, avocat (joué par Benedict Cumberbatch).
Fini le temps des polars des années 70, 80 et 90 avec des chefs d’œuvres tels que Le Parrain, Les Affranchis… Actuellement, les cinéastes sont bien moins inspirés pour faire ce genre de film. Aucun film n’égale cette période. Même si des réalisateurs comme Scott Cooper, ici, tentent tout pour égaler ces monstres cinématographiques indétrônables. Peine perdue me direz-vous ? Hé bien… Vous avez raison.
Scott Cooper nous propose quelque chose de plutôt intéressant avec Black Mass, mais aussi… Assez simple. Trop simple.
On ne regarde pas Black Mass pour voir de l’action, ni pour simplement suivre le récit d’un gangster très connu. Lorsqu’on regarde ce film, on a surtout envie de déceler toutes les ficelles du récit, de résoudre tous les mystères. Et en partant de ce principe, la mise en scène de Cooper est assez efficace, même assez bien gérée. Le problème, c’est que dans un polar, il ne faut pas seulement ce type de mise en scène. Le rythme manque à Black Mass, comme la tension et limite la peur, comme on la ressentait dans le trailer du film, avec la scène du repas. Les scènes trépidantes sont très rares mais ont au moins le mérite de très bien fonctionner et d’être bien mise en scène. Le film est beaucoup trop bavard, et trop centré vers les manipulations plutôt que sur les trafics. Quant à la musique, elle est présente, elle accompagne plutôt bien l’action, mais elle ne brille pas non plus par son originalité et ne nous donne pas envie de l’écouter après le film.
Certes Johnny Depp est formidable dans ce rôle. Malgré son maquillage carrément exagéré, il n’en fait jamais des tonnes et le personnage est directement capté par le spectateur. En fait, Johnny Depp est tellement brillant dans son interprétation qu’il cache presque les autres stars présentes dans ce long-métrage, tel que Benedict Cumberbatch, toujours très bon dans tous ses rôles, Dakota Johnson, Juno Temple et Joel Edgerton dans la peau de l’ami agent du FBI de Bulger, sont aussi plutôt bons, mais malheureusement effacés par le talent incontesté de Depp, définitivement pas enfermé dans ses rôles de personnages « tarés ».
On notera les références de Cooper, qui a un côté esthétique proche de celui de Scorsese, avec plus ou moins la même direction d’acteurs et les mêmes personnages très puissants, mais avec un scénario qui n’arrive malheureusement pas à la cheville des classiques de Scorsese ou de Coppola.
Black Mass est finalement un de ces films qu’on attend avec impatience grâce à un teasing de fou avec une bande annonce qui prend les tripes, mais qui malheureusement n’atteint pas les objectifs promis par la BA. L’histoire est intéressante, mais le manque rythme rend le tout bien trop léger pour un polar inspiré de grands films. Black Mass est à voir sans rien attendre réellement, un peu comme ce téléfilm policier du dimanche soir.
Cette critique a été écrite pour le site www.ScreenAddicts.com