Commentant le film quelques années après sa sortie, Peter Cushing déclara « Il s’agit d’un film malade ». Malade pourquoi ? Pour deux raisons principales. La première parce que la production dut plier bagage alors qu’elle n’avait pas tout à fait fini tous ses plans en Grèce. La seconde parce que le producteur imposa un montage en l’état qu’il dirigea au grand dam du réalisateur qui demanda même à ce que son nom soit retiré de l’affiche. Il en résulte un film qui semble effectivement inachevé avec des scènes inabouties et des transitions pour le moins abruptes sur toute la partie grecque.


Dans ce contexte, le parti-pris du récit paraît d’autant plus totalement décalé. En effet, plutôt que de reprendre les schémas habituels des films de vampires, Suceurs de sang pointe du doigt les maux de la société. Qui vampirise la société ? L’esprit soixante-huitard, les drogues et les femmes. S’ensuit pendant une dizaine de minutes, comme un cheveu tombé dans la soupe, une séquence totalement psychédélique qui met en évidence ce discours comme un clip saturé de cithare. Kitsch, décalée, cette séquence concourt à donner à l’ensemble un aspect totalement décousu. Mélangeant les tons et les influences, le film sombre à plusieurs reprises dans un grand « n’importe quoi » mal maîtrisé qui laisse le spectateur totalement perplexe.


C’est dommage que l’ensemble manque de rigueur car un récit plus simple aurait certainement abouti à une sympathique série B comme les producteurs anglais savaient les tourner. La présence de Patrick MacNee et celle de Peter Cushing (même s’il est relégué à un troisième rôle avec un temps de présence à l’écran extrêmement réduit), les superbes paysages de la Grèce, la bonne musique et une fin plutôt intéressante étaient pourtant des atouts évidents. Mais l’ensemble peine à être suivi, multipliant récit nébuleux, scènes inabouties et montage désarçonnant. Un film malade, en somme.


Play-It-Again-Seb
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le 9 déc. 2023

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PIAS

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