Zack Snyder a un sens de l'image indéniable. Depuis L'armée des morts jusqu'à Watchmen, il n'a eu de cesse de le prouver. Mais pour beaucoup, il reste un réalisateur qui privilégie la forme en délaissant le fond. 300 en est la preuve flagrante. Pourtant, si l'on s'attarde sur son film de zombies coureurs ou sur son hommage au roman graphique de super-héros désabusés, on remarque que l'homme n'est pas totalement dénué de sensibilité. Certes, ce n'est pas ce qui le caractérise mais quand bien même, il peut en user.
Sucker Punch ne déroge pas à la règle. Après un démarrage façon clip pour adolescents faussement dépressifs qui nous interroge sur les deux heures que nous allons passer, plaisir ou contrainte; une présentation des personnages succinctes dont l'épaisseur n'a rien à envier à une feuille de PQ; arrive à point nommé cette première plongée dans l'esprit de fantasmes (assez masculin il faut l'avouer) de Babydoll. Katanas, gros calibres et légers vêtements d'été flottants, l'envie de liberté de cette héroïne est l'occasion pour Snyder de nous montrer à quel point il peut être resté un adolescent féru de mangas, d'héroïc fantasy et de jeux vidéos. Tout y passe, des samuraïs à la gatling au dragon, des robots aux zombies. Et il faut bien avouer qu'à travers ses missions, le pot pourri de "j'vais vous en foutre plein les mirettes" fonctionnent et les images captivent. Il faut dire que de voir cette petite bande de midinettes assez convaincantes tout dessouder à tours de bras, c'est plaisant. Mais ce serait bien trop facile de s'arrêter là. Car si le réalisateur n'est pas connu pour sa finesse, force est de constater qu'il en use ici, même très peu. De plus, il faut lui reconnaître certaines bonnes idées comme celle de nous laisser frustré de ne jamais voir cette danse qui semble si hypnotique où les rapports étroits entre imaginaire et réalité se fondent dans les yeux d'Emily Browning, envoutante.
Niveau casting, la bonne surprise vient de Oscar Isaac, formidablement détestable en Blue Jones, directeur de ce cabaret psychiatrique un peu spécial.
Étonnamment donc, c'est plutôt satisfait que j'ai pu me faire ma propre idée de ce film qui avait beaucoup fait parler de lui l'année dernière. Rien de révolutionnaire mais une histoire très pauvre qui arrive à nous tenir en haleine malgré une certaine facilité, avec des images et de l'action à vous clouer sur votre fauteuil le plus confortable. Difficile d'en attendre plus alors on s'en contente. Pas mal du tout.