Sucker Punch par Critique-film
Malgré toutes les mauvaises critiques, j'ai pris le parti de défendre Sucker Punch qui, d'après moi, mérite vraiment qu'on s'y attarde. Souvent jugé pour ses films aux scénarios assez mince, Zack Snyder peut être comparé à un gosse à qui on donne une caméra et un budget important pour filmer son univers. Ce que tout le monde admettra, c'est que graphiquement parlant le réalisateur a déjà prouvé son talent avec 300 et Watchmen. Dans Sucker Punch, il va encore plus loin puisqu'il signe un scénario dans lequel il peut avoir accès à tous les délires sans la moindre limite narrative ou visuelle.
La réalisation est des plus esthétiques : Sucker Punch est un petit bijou graphique. Le film commence par une introduction sous forme de clip musical, sans le moindre dialogue durant 5 minutes. Chaque détail est travaillé, on évolue dans un univers non daté, plutôt moderne mais avec des costumes anciens, de vieilles bagnoles américaines, des radios des années 60... et le moindre petit briquet ou marteau est choisi avec minutie pour donner une âme particulière à chaque seconde du film. Tout ceci est mélangé à une bande son ultra moderne, ce qui fonctionne à merveille.
Les différents univers dans lesquels se déploie l'action sont uniques. Les images passent d'une couleur quasiment monochrome lors des séquences angoissantes dans l'asile à une avalanche de couleurs dans le dancing où évoluent les filles ultra sexy. Enfin les combats délirants empruntent chacun les codes des jeux vidéo dont ils s'inspirent : guerre moderne, héroic fantasy, futuriste ou encore combat. Des plans-séquences impressionnants dans lesquels Snyder utilise l'espace et le temps à sa convenance, abusant des ralentis et des mouvements de caméra à 360°.
Le scénario dans tout ça est, comme dit plus haut, évidemment fait pour laisser une liberté quasi totale au maître du visuel. Et malgré tout ce qu'on peut entendre, Snyder pour son premier essai à la plume réussit un travail honorable. Bien sûr, des oublis se remarquent et certains raccourcis sont trop simplistes. Mais le récit de Sucker Punch se déploie sur 3 niveaux de conscience et il n'est pas évident de rester cohérent dans ces conditions. Et même s'il perdra nombre de spectateurs à cause de la complexité de la narration, il faut admettre qu'il y a un fond derrière l'histoire : ce délire visuel n'est autre qu'une évasion de l'esprit créée par le subconscient de notre héroïne pour échapper à un choc psychologique.
Nous avons donc affaire à un scénario mettant en scène une jeune femme enfermée dans un asile. Elle va se faire lobotomiser d'une manière assez archaïque. Sans aucun moyen de s'échapper, notre héroïne va se créer un monde imaginaire, entre comédie musicale et maison clause, on n'est pas loin de Moulin Rouge. A cela s'ajoutent des clichés allant du patron/mac misogyne à la meneuse de revue méprisante. Enfin, dans le troisième niveau de conscience (on va en perdre quelques-uns) l'héroïne s'évade lorsqu'elle danse, dans des univers de jeux vidéos pour récupérer des objets qui lui permettront de s'enfuir de son asile.
Les fans de jeux vidéos en auront pour leur argent et on se sent obligé de faire un parallèle avec Scott Pilgrim, visant également la génération jeux vidéos (on ne parle pas d'adaptations de jeux vidéo à l'écran façon Resident Evil ou Final Fantasy, mais bien de longs-métrages utilisant les codes du genre pour créer une œuvre originale). Ainsi passant de Call of Duty à Dead Rising sans oublier God of War et Warcraft, tout le monde sera servi, même si malheureusement les passages sont très inégaux. On regrette par exemple la scène du train bien moins réussie que les autres.
Par ailleurs, la bande son du film colle parfaitement avec ses prétentions : des morceaux énergiques et puissants de rock electro qui suivent l'action et permettent d'admirer les images comme si on regardait une publicité pour un éditeur de jeux vidéo qui voudrait nous montrer tout ce qu'il sait faire. On retrouve de nombreux remix de Bjork, Queen ou encore de Marilyn Manson.
A coté de tout ça, le casting n'est malheureusement pas à la hauteur du reste. Mais pouvait-on demander mieux à ces acteurs qui ne sont en fait que des personnages de bornes d'arcade (on n'a jamais demandé à Lara Croft de jouer du Shakespeare). Alors effectivement, mis à part leur joli minois et leurs formes affriolantes, les jeunes filles ne crèvent pas du tout l'écran. Emily Browning qui joue l'héroïne Babydoll (attention les noms sont ridicules) ne nous fera pas pleurer pour un sou, Abbie Cornish sa comparse qui interprète Sweet Pea non plus, mais en même temps, elles n'en ont pas vraiment l'occasion.
Sucker Punch est donc une apologie du visuel et ses détracteurs oublieront certainement qu'un autre film a connu un succès mondial en 2009, ne s'appuyant que sur le graphisme et laissant totalement de coté le scénario (qui était plus mince qu'un rouleau de papier toilettes) ... il s'agit bien sûr d'Avatar de James Cameron. Sucker Punch vieillira probablement très mal à cause de son trop plein d'effets spéciaux, mais en 2011 il est une preuve de ce qu'on peut obtenir de plus beau avec 85 millions de dollars et des idées plein la tête.
Bilan : Sucker Punch se regarde plus qu'il ne se comprend. C'est une véritable claque visuelle sous fond de scénario totalement déjanté pour geek en mal de jolies filles et de combats épiques. Une belle preuve que le cinéma n'est pas qu'un scénario ou un jeu d'acteur mais parfois aussi une belle image.