Voilà donc le fameux Vertigo ! Se hissant souvent dans les hautes sphères des meilleurs films de tous les temps, Vertigo est vertigineux de par son suspense, ses innovations et les réflexions qu'il suscite.
Avant même le début du film, nous sommes éblouis un générique hypnotisant, sensation que l'on retrouvera par la suite et qui est le reflet de cette atmosphère si particulière, où se confrontent rêve et réalité, atmosphère appuyée par une bande originale envoûtante.
L'intrigue est palpitante, bien amenée, et nous pousse à trouver une explication rationnelle en vain. Nous sommes transportés et naïfs autant que le personnage principal dans cette histoire capillotractée, incertaine, et faisons face à des retournements de situations inattendus.
Sueurs Froides apporte enfin un héritage technique important, avec notamment l'invention du travelling contrarié (retranscrivant à la perfection la sensation de vertige) qui sera énormément réutilisé par la suite, ainsi qu'une espèce de split screen, dont Brian de Palma fera régulièrement usage. Certaines scènes sont également visuellement marquantes, notamment par l’utilisation de filtres de couleurs très prononcées, mais aussi par une séquence psychédélique exprimant le cauchemar de Scottie.
Impossible donc de nier le poids de Vertigo dans l'histoire du cinéma. Pourtant, même si le film se regarde encore très bien aujourd'hui, mon accueil est relativement mitigé.
Le film nous brise nos habitudes : le dénouement nous est dévoilé une demi-heure avant la fin. Hitchcock a d'ailleurs particulièrement insisté sur cette prise de décision particulière. Il veut en fait aller plus loin que le simple dénouement, et approfondir le personnage de Scottie, explorant la perversion de celui-ci à travers son fantasme féminin qu'il imposera à Judy. Un parallèle peut d'ailleurs être dressé entre Hitchcock lui-même et Scottie, tous deux désireux de (re)trouver la femme parfaite, en lui faisant jouer un rôle.
Mais tout en s'émancipant par cette prise de décision scénaristique, le film nous prend quand même énormément par la main (zooms démentiels sur des éléments qui dévoileront l'intrigue, lettre écrite à Scottie mais aussi prononcée à l'oral, non seulement pour montrer l'indécision de Judy, mais aussi et surtout pour révéler au spectateur la vérité, tout en nous montrant des images des faits). Mon principal, et surtout unique reproche est donc le manque de subtilité scénaristique. C'est dommage, car m'attendant à voir un chef d’œuvre, le résultat est en demi-teinte...