Sueurs froides est considéré comme l'un des meilleurs films de tous les temps, encore récemment. Alors bien sûr, c'est un très bon film aux qualités objectives incontestables : un scénario bien amené, un coup de théâtre, du suspense et de la tension presque horrifique, un changement audacieux de rythme et de tonalité dans la dernière demi-heure, une Kim Novak incroyable, et des plans magnifiques de San Francisco. Pourtant, je n'ai jamais véritablement compris pourquoi il était à ce point loué, même parmi la filmographie d'Hitchcock.
Déjà, il y a des défauts, certes plus négligeables et peut-être plus subjectifs. Les phases d'espionnage au début du film sont bien trop lentes, longues et ennuyeuses, et les facilités scénaristiques beaucoup trop nombreuses pour que le spectateur soit véritablement porté par l'intrigue. James Stewart joue toujours le même personnage que dans tous ses autres films, apathique et balloté par les événements, duquel ne ressort que des mimiques galvaudées à lever les yeux au ciel. Surtout, le film manque d'âme : malgré le coup de théâtre, qui est franchement attendu et même rapidement abrégé par Hitchcock lui-même, le scénario est trop lisse, et finalement trop peu ambitieux. La deuxième partie du film, sorte d'histoire d'amour asymétrique et toxique qui tranche frontalement avec l'élément policier de la première partie, aurait mérité un développement plus important. Là, la folie maladive de James Stewart et le désespoir presque heureux de Kim Novak ne sont qu'esquissés, certes suffisamment pour que cette dernière fasse preuve de tout son talent, mais ce qui laisse un sentiment de frustration prégnant chez le spectateur. Tout comme la fin du film, pour le coup bien trop romancée malgré le léger screamer qui nous réveille un minimum.
J'ai grossi les défauts du film au vu de son aura plus que légendaire. Evidemment, Sueurs froides reste un très bon film qui a marqué l'histoire du cinéma, mêlant psychologie, amour et suspense comme seul Hitchcock sait le faire.