Grosse déception que Sueurs froides. Le film souffre d’une cruelle absence de rythme : la première partie où Scottie prend Madeleine en filature est intrigante, est-ce qu’on part dans un thriller fantastique, est-ce que Madeleine perd juste les pédales ? J’ai eu du mal à faire abstraction de toutes les incohérences du récit (Scottie qui espionne Madeleine de façon grotesque, leur histoire d’amour ridicule et compassée), mais à partir de la deuxième partie dès la disparition de Madeleine, Hitchcock perd complètement la maîtrise du suspens et ça devient du grand n’importe quoi.
La tension de l’intrigue est complètement épuisée au deux tiers du film, quand on voit Judy écrire la lettre où elle confesse la situation. Les chapitres où Scottie repère Judy dans la rue, l’interroge, la séduit puis la transforme peu à peu en Madeleine sont pénibles et invraisemblables. On en a déjà plus rien à faire, la lettre nous a tout expliqué.
Quand à la relation entre les deux personnages (l’un de 50, l’autre de 25, je vous laisse deviner dans quel ordre bien sûr), on est au niveau 0 dans l’approche psychologique. Ils n’ont aucun charisme, Kim Novak se contente d’être belle et de coller ses lèvres entre ouvertes contre un James Steward incolore et sans saveur. C’est très malaisant, Scottie apparaît d’abord stupide (t’es sûr qu’avec les cheveux châtains tu n’es plus capable de reconnaitre ta bien aimée ?) puis complètement taré (la scène où il l’oblige à acheter le tailleur de Madeleine). Quand Scottie finit par avoir la révélation finale en voyant le collier, j’avais même oublié qu’il en était qu’à ce niveau de réflexion, tellement la vérité crevait les yeux.
Le final est risible : encore une fois, Scottie explicite tout haut ce que nous savions depuis une heure, petite mention sur son vertige au passage au cas où on avait pas compris que sa phobie n’était pas qu’anecdotique (ben si en fait). L’arrivée de la religieuse achève le tableau d’un film poussif et prétentieux, qui prend son spectateur pour des imbéciles. Ça a terriblement mal vieilli.