Souvent désigné par les critiques professionnelles de cinéma comme le meilleur film de l'histoire, ce film est mon préféré. Et cela pour plusieurs raisons que je vais ici énumérer et expliquer :
1- Un scénario et une intrigue parfaits :
Ce film est basé sur une magnifique histoire d'amour entre deux personnages. On croit d'abord être dans le domaine du mystique, du surréel. Cette ambiance est due au scénario qui, très séquencé, rêvele peu à peu les différents décors de l'histoire, avec, par exemple, cette fameuse et longue scène où Ferguson, Scottie pour les intimes (Stewart) suit Madeleine (Novak), femme d'un ancien ami au comportement et aux habitudes bien étranges. On découvre ici sous forme de jeu de piste les éléments de l'intrigue autour de Madeleine. Le public est invité alors à essayer de deviner le secret de la jeune femme et va, sans cesse, osciller entre plusieurs hypothèses émises par les différents personnages. S'ensuit la rencontre entre les personnages qui semble valider l'hypothèse du mystique, puis arrive le coup de théatre, suivi du plus grand twist de l'histoire du cinéma !
Une histoire brilliamment écrite qui tient le spectateur en haleine du début à la fin !
Le film est une adaptation de la nouvelle :
"D'entre les morts" de Pierre Boileau et Thomas Narcejac. Cela explique la qualité du scénario. De plus la nouvelle a été écrite spécialement pour l'adaptation d'Hitchcock, même si elle est tout de même parue.
2- Une réalisation Hitchcockienne :
Hitchcock est, on le sait, le maître du suspense, un des plus grands réalisateurs de l'histoire du cinéma. Il pose ici une caméra qui indique d'abord qu'il y a quelque chose qui cloche, avec la lumière éblouissante au cimetière, un Stewart dans l'étroit espace d'une porte quasiment fermée et une Novak en reflet sur le miroir de cette porte : elle n'est que le miroir d'elle même, et lui l'espionne, les zooms sur les bouquets et cheveux similaires au musée, une Kim Novak de profil, toujours, car elle n'est qu'à moitié Madeleine et qu'elle cache sa véritable identité...
Tout à une signification et c'est incroyable !
Ensuite, le coté obsessionnel de Scottie qui cherche à recréer une femme à partir de l'image d'une morte est illustré par les nombreux gros plans sur son visage et celui de Novak, ou encore par la lumière verte éclairant une Judy devenue Madeleine dans la pénombre d'une chambre d'hôtel. Les zooms successifs sur les visages des personnages expriment le désespoir, celui de Stewart qui aime une morte et celui de Judy qui aime celui qui aime une morte. Hitchcock réussi alors le tour de force de placer quelques scènes puissantes de suspense, avec par exemple le travelling arrière + zoom avant utilisé pour exprimer le vertige dans la tour.
Ce plan novateur à été réutilisé de nombreuses fois, mais notamment dans "jaws" de Spielberg sur le personnage principal. Il utilise aussi des effets spéciaux simulant les cauchemars de Stewart avec des dessins et des montages d'époque mais toujours impressionnants aujourd'hui !
Enfin, il exprime la passion des deux êtres l'un pour l'autre avec une caméra qui pivote longuement autour des deux amants qui s'embrassent. Mais il y a encore tellement de scènes mémorables, je ne peux pas tout citer !
3- Des performances splendides :
James Stewart était pressenti et a répondu aux attentes d'Hitchcock mais, n'aurait du être Vera Miles et non Kim Novak, mais Miles étant enceinte, Novak a pris le relai.
Les deux acteurs sont brilliants et excellents pour leur époque même si Stewart en fait des tonnes dans la voiture et que leurs nombreux baisers sont tous simulés : leurs bouches ne se touchent pas si l'on regarde bien ! Mais cela reste assez pour un film de ce niveau.
4- Une musique signée Hermann :
Hermann est un maître qui occupe une grande place dans l'histoire du cinéma !
Il signe ici sa plus grande performance avec Taxi Driver. Il livre une BO riche en émotion avec, comme chaque Hermann, des grandes différences de volume sonore qui varie sans arrêt. Cela signifie ici l'instabilité des personnages qui sont plongés dans des événements qui les dépassent. La musique a été reutilisée dans une trentaine de films...
Une BO magistrale qui porte le film et qui donne, à chaque écoute, envie de revoir <i>Vertigo. </i>
5- Les références à ce film dans le cinéma d'aujourd'hui et même d'hier :
En effet, on retrouve un peu partout de nombreux plans fidèles à ceux de <i>Vertigo </i>:
- <i>Portrait de la jeune fille en feu </i>: scène du baiser devant une mer qui se déchaîne contre les rochers
- <i>The Artist </i>: la scène de la tentative de suicide avec la même musique et les mêmes dialogues (trad : "si seulement je pouvais t'aider""tu ne peux pas c'est fini pour moi/il est deja trop tard")
- <i>La piel que habito </i>: même objectif : faire revivre par un autre être celle qu'on a aimé
- <i>Jaws </i>: le travelling arrière + zoom avant
- <i>Basic instincts </i>: filatures dans San Francisco + chignon de Sharon Stone
Et beaucoup d'autres...
Pour terminer, je voudrais dire que ce chef-d'œuvre est sans hésitation un film fondateur, classique et d'une très grande qualité à voir absolument dans sa vie et surtout à voir et à revoir, car la clé pour bien comprendre et analyser un film c'est de le voir plusieurs fois et de lire des critiques ou des interviews dessus. Et je peux vous assurer que dans ce film, il y en a des choses à remarquer, à voir, à comprendre ! Une multitude de
possibilités : Un film VERTIGINEUX !!!