Vertigo c'est avant tout un grand méli-mélo de relations et de retournements de situations ou les histoire d'amour - à sens unique, toujours - jouent un rôle central. Les relations sont toujours changeantes, les obsessions des uns cherchant constamment ce qu'il ne peuvent obtenir, ne voyant jamais ce qui est là et pourrait les satisfaire, et précipitants les choses vers de nouveaux équilibres toujours plus précaires. Les personnages, ceux de James Stewart et Kim Novak principalement, sont entrainer dans une spirale qui entre en résonnance avec cette notion du vertige du titre original (pourquoi l'avoir tant changer en français d'ailleurs ?).
Et cette spirale d'évènements, couplé à un soin de la mise en scène (cadrage, musique, rythme) rend le métrage vraiment accrocheur. Les deux parties rentrent en résonnances parfaitement l'une avec l'autre, la pseudo-folie de Madeleine laissant la place à la folie bien réelle de Scottie, Judy forcé de jouer deux fois le même rôle d'abord par tromperie puis par amour, un amour né de cette première tromperie.
Oui les situations sont complexes et changeantes, mais la force de Hitchcock c'est de ne jamais perdre son spectateur, tout en ne lui donnant les clés de compréhension que lorsqu'elles ne sont plus tout à fait adaptées, la situation ayant déjà été bouleversée. Le spectateur est pris, transposé ni plus ni moins que dans la même situation que Scottie.
Difficile de parler de tout tant le film est riche, mais il est intéressant de s'arrêter sur la réflexion qu'Hitchcock se permet sur un de ses propre outil, la femme fatale au cinéma.
Le personnage de Judy - Madeleine - Carlotta n'étant ni plus ni moins qu'une mise en abime de ce que le réalisateur aime faire de ses actrices stars, les fameuses blondes hitchcockiennes.
Le personnage de Midge Wood (Barbara Bel Geddes) est également une pièce de plus à ce magnifique puzzle, incarnant la raison dans une intrigue qui s'en éloigne pas à pas, la preuve ce personnage étant complètement absent de toute la dernière partie.
Vertigineux.