Revu au retour d’un séjour à San Francisco, je reste sidéré par la modernité de ce film. Certes, on peut lui reconnaître quelques faiblesses (les scènes de rêves dont le style est un peu dissonant avec le reste du film, le jeu de James Stewart inégal) mais l’ensemble reste d’une excellente facture et d’une grande intelligence d’écriture cinématographique. Bien sûr, ce film ne suscite pas les sueurs froides qu’on peut attendre aujourd’hui d’un film d’angoisse contemporain, mais il ne faut pas oublier que le titre premier original est Vertigo et c’est bien ce que produit la mise en abîme du désir mêlé de culpabilité qui se développe tout au long du film.
Il y a dans ce film, en dehors de la dimension psychologique, voire psychanalytique (mieux exploitée que dans Spellbound d’ailleurs), une dimension proprement tragique. John Ferguson (Scottie) est victime de son propre désir car il tombe amoureux d’une femme qui n’est qu’une créature de fiction.
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La mort de Judie/Madeleine est de ce fait inéluctable, non seulement parce qu’elle est elle-même en proie à la culpabilité de sa complicité, mais aussi et surtout parce dès qu’elle accepte de se plier aux exigences de Scottie pour (re-)devenir Madeleine, elle quitte le monde réel pour devenir un pur fantasme. En se niant pour répondre au désir de Scottie, elle ne pouvait dès lors que disparaître pour de bon.
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Hitchcock nous offre ici une belle réflexion sur le désir amoureux.