Tiens,un inédit par le réalisateur de "Jappeloup",avec Mila Kunis et Peter Stormare,il y avait de quoi exciter la curiosité.Comme pour les aventures bourrinistiques de Guillaume Canet,c'est "tiré d'une histoire vraie".Enfin,on a dû tirer très fort parce que ça pue le film à thèse orienté et que c'est manifestement fictionné à outrance.Il est question ici de ces camps paramilitaires de rééducation musclée dans lesquels certains parents américains envoient leurs rejetons incontrôlables,et qui connaissent un certain succès depuis quelques années."Boot Camp" a le mérite de porter au cinéma ce phénomène qui jusqu'ici avait surtout été traité dans des reportages.Verdict des scénaristes:ils sont contre.Ca alors,quelle surprise!Et pour étayer leur opinion,ils n'y vont pas avec le dos de la cuiller et font dans le manichéisme le plus simplet.Les jeunes enfermés là,ramassis de drogués,de débauchés et de gosses de riches rebelles d'opérette,sont au fond de braves petits incompris et en perte de repères.La faute à leurs parents,qui eux sont toxiques ou négligents,et vont des allumés religieux au beau-père facho.Le thérapeute qui dirige le camp est quant à lui un imposteur sans diplômes et complètement taré.Il s'est entouré de militaires dévoyés,sadiques,brutaux,irresponsables et même violeurs à l'occasion,et les méthodes disciplinaires en cours dans ce charmant établissement isolé dans un coin désertique des Fidji relèvent de la torture mentale et physique.Voilà ce qu'on appelle un portrait équilibré de la situation.Il est évident que,si c'est vraiment comme ça que ça se passe,c'est largement excessif,et il est de toute façon probable que ce genre de pratiques soient inefficaces et n'atteignent pas le but espéré.Malgré tout,on n'est pas mécontent de voir ces petits connards arrogants et bien nourris en chier un maximum.Du reste,ces choses ont toujours existé plus ou moins.En d'autres époques,on appelait ça maisons de correction,pensionnats ou centres fermés,mais l'idée était la même et ces camps en sont une sorte de version modernisée.Certains se rendent d'ailleurs volontairement dans de tels endroits,qu'il s'agisse de formations policières ou militaires ou de stages de survie,voire d'émissions télé style Koh-Lanta.Dans notre monde laxiste et dégénéré,certains croient trouver leur salut dans la recherche d'autorité et de défi physique.C'est l'affaire de chacun mais imposer cela comme une thérapie par la contrainte ne parait guère productif.D'un pur point de vue cinématographique,le film est très mauvais.Le canadien Christian Duguay est un naze qui a fait l'essentiel de sa carrière dans la série B ringarde,section fantastique et action,et a débuté en donnant deux suites ratées au très bon "Scanners" de Cronenberg.Il occupe ici,en plus de celui de réalisateur,les postes de producteur et de chef-opérateur,signant une photo particulièrement pourrie.Sa mise en scène invertébrée imprime un rythme lancinant au film et il peine à masquer le manque de moyens financiers de cette entreprise fauchée.Il s'arrange pour shooter comme un manche les scènes cruciales,ce qui rend l'ensemble assez inintéressant.Les jeunes acteurs,Kunis comprise,jouent comme des tanches,et seul le grand Stormare surnage,ajoutant un spécimen notoire à sa collection de dingos dangereux.