Malik Bendjelloul en documentariste virtuose, balaye les préjugés qui ont jusqu’alors injustement dévalorisé le genre documentaire.
L’histoire est belle et pourtant vraie. Réalisé seul et avec peu de moyens, Searching for Sugar Man retrace sous la forme d’une enquête haletante, le destin hors du commun du chanteur-guitariste d'origine mexicaine Sixto Rodriguez. Après l’échec de ses deux albums à l’aube des années soixante-dix à Detroit, son label fait faillite, il disparaît et tombe dans l’oubli, ne laissant derrière lui que des légendes sur sa mort présumée. Enfin presque : en Afrique du sud, il devient, avec son album Cold Fact, le symbole de la lutte contre l’Apartheid pour la jeunesse contestataire. Le projet de Malik Bendjelloul, comme protégé par une force bienveillante, réunit avec l’aide de deux passionnés, une mosaïque de souvenirs et de témoignages planétaires, dressant le portrait d’un parfait inconnu.
Le jeune réalisateur suédois dramatise subtilement cette quête de vérité, tout en restant dans la mesure grâce à une esthétique travaillée et soignée. Difficile de se défaire de l’air entêtant des chansons de Sixto Rodriguez en bande originale grandiose, illustration sonore du périple d’un chanteur frôlé par la célébrité. Images d’archives, paysages du monde et entretiens, les époques se mêlent, les pièces du puzzle s’accumulent et s’assemblent dans un ordre arbitraire, créant la tension et installant le doute. L’immersion est totale.
Malik Bendjelloul transmet avec justesse les émotions nécessaires pour rendre son film captivant, original et bouleversant. Plus qu’un documentaire, il offre le « Sugar Man ».