La réalisation de ce documentaire n'est malheureusement pas à la hauteur de l'histoire. A la décharge de Malik Bendjelloul, il faut reconnaître que l'absence d'images sur une période de trente ans ne facilite pas l'affaire, mais il y avait moyen de mieux valoriser ce manque.
L'histoire est un vrai conte de fées. On peine à le croire.
Quoi de plus tentant que des interdits à braver? Quoi de plus émouvant qu'un poète maudit, si ce n'est un chanteur? Quoi de plus grand qu'une légende? Quoi de plus puissant qu'un mythe pour entrainer les foules?
En Afrique du Sud, Sixto Jésus Rodriguez est tout cela. Il devient le héros (au sens grec) d'une révolution en gestation. Il anime les espoirs d'une population qui veut changer de régime. Il est un symbole, le mythe de Sugar man, l'homme qui meurt mille fois et reviens toujours porter son message d'amour. Une réincarnation du Christ.
Pendant ce temps à Détroit, Sixto Rodriguez évacue la merde sur les chantiers.
Sugar man, c'est un Red Stovall (Honkytonk man) qui aurait connu la consécration avant de mourir, c'est l'homme qui croit à l'égalité des hommes, c'est l'homme qui anime une révolution pacifique dans un grand pays par inadvertance, c'est l'homme qui donne de l'espoir à tout un peuple sans même le savoir. C'est l'homme qui ayant goûté à l'adulation des foules retourne à son quotidien et distribue ses gains autour de lui.
C'est l'homme qui nous ferait croire en l'homme.
La fréquentation de nos contemporains, nous rappelle vite aux réalités. Sixto Rodriguez est unique, les Clarence Avent sont nombreux et la société sud africaine s'éloigne du rêve de Nelson Mandela.
I wander