On peut arrêter cette mascarade ?

Avec son fabuleux long-métrage American Sniper, le prodigieux réalisateur et acteur Clint Eastwood avait largement prouvé qu’il était capable de fournir assez de détails pour décrire adéquatement l’héroïsme d’un professionnel, tout en dévoilant un parcours surprenant d’un héros dans son propre milieu. Autant, décrire le parcours d’un tireur d’élite dans un contexte aussi hostile que la guerre de l’Irak est un projet tout à fait profitable et méritoire à développer mais celui d’un pilote de ligne ayant été forcé de faire atterrir son avion sur le fleuve Hudson... Là, j’étais dubitatif, je savais que le long-métrage allait se casser la gueule sans l’avoir vu. Très franchement, je ne voyais vraiment pas l’intérêt de raconter une histoire qui a dû durer entre quelques heures et quelques jours si c’est pour en faire un simple long-métrage.

Comme j’ai toujours éprouvé une confiance aveugle envers le cinéaste expérimenté, je me suis dit qu’il pouvait faire quelque chose de significatif et intéressant à visionner. Clint a toujours su comment raconter n’importe quel genre d’histoire avec une combinaison solide d’émotions comme le romantisme, la tristesse, le courage, l’injustice ou l’amour. C’est bien ce que j’ai vu, le metteur en scène dévoile son scénario avec beaucoup de doigté et sagesse, tout en filmant des scènes très accrocheuses, notamment celles du crash de l’avion, techniquement très réaliste et assez impressionnant à voir. Cependant ! Je dois soulever un point qui m’a un peu choqué pendant le visionnage, comme beaucoup de personnes l’ont remarqué. Je ne sais pas ce que le réalisateur a voulu faire mais j’ai contesté qu’il est allé un peu trop loin sur la représentation du Conseil national de la sécurité des transports.

Pourquoi il a représenté cette agence avec autant de méchanceté, pas mal d’industriels dénoncent cette image négative et désapprouvant de cet organisme, même le vrai pilote confirme qu’il n’a pas eu autant d’acharnement. Quand on veut mettre en évidence une injustice, autant le faire sur quelque chose de vrai au lieu d’inventer. Je ne dis pas ce que j’ai vu est totalement faux, certaines des principes de cette agence est tout à fait conforme dans le milieu de la sécurité des transports mais le cinéaste a pris trop de liberté. Cela dit, il détaille méthodiquement la procédure de l'organisme. C’est comme un jugement, il faut démontrer ce qu’il s’est réellement passé, en fonction de ce qu’on peut prouver. La méthodologie et les scènes interrogations me paraissent bien définies pour estimer que l’action héroïque du pilote est justifiée. Le réalisateur exploite bien ce détail, même si ces professionnels paraissent injustes, sévères et inconscients. C'est malheureusement l'image qu'il fallait en tirer et c'est la réalité malheureusement.

C’est tout à fait normal, il faut bien prouver qu’il n’y a pas eu de faute professionnelle comme on peut voir dans la réalisation Flight de Robert Zemeckis, racontant l’exploit héroïque d’un pilote de ligne alcoolique. J’avoue que le réalisateur a bien maîtrisé ce sujet qui n’est pas simple à raconter, même si sa mise en scène est un peu lente et répétitive à mon goût. On voit bien que Clint avait bien du mal à prolonger son film correctement, c'est tout le temps la même chose et en plus, il repasse la même séquence du crash à la fin de la réalisation. Je fais encore une passe sur le film Flight avec lequel Robert Zemeckis a procédé autrement. Au début du film, on voit bien la séquence du crash mais dans la scène du jugement final, le réalisateur fait défiler la même séquence mais seulement sur un écran de simulation, avec la lecture d’une cassette ayant enregistré les voix de l’équipage.

Du coup, Clint ne s’est pas montré malin, il s’est un peu loupé sur cette partie. Heureusement qu’il se rattrape sur pas mal de choses. Il exprime bien la lourde et pénible atmosphère qui pourrit la vie du pilote après le crash, sans que s'installe de monotonie. Il a été beaucoup aidé par l’interprétation brillante de Tom Hanks dans la peau du protagoniste principal, soutenu par un très bon Aaron Eckhart en tant que copilote est d’un reste de casting satisfaisant. J'ai même été impressionné par les images technologiques des simulateurs, c'est réel et très captivant à voir, de même pour les images de sauvetage. On sent bien à quel point piloter un avion de ligne n'est pas évident à faire et qu'on peut découvrir une réelle et grande différence entre la simulation et la réalité. Une réalisation appréciable mais un peu mal foutue quand même. 7/10

Ce n’était pas un jeu vidéo, c’était une question de vie ou de mort !