Dans un avenir proche, il existe une plate-forme internet qui serait un regroupement entre FaceBook, Caisse d'Epargne.fr, IMDb, Street Fighter IV, iTunes Store, Meetic, Runescape, et Senscritique. Le tout s'appelle " OZ ". Tout le monde a un avatar dedans et vit au gré des impulsions électroniques du site.
Sans transition, le jeune Kenji est invité par la jolie Natsuki dans la villa de campagne de sa mamie pour le quatre-vingt-dixième anniversaire de celle-ci. Il est loin de se douter qu'en fait il doit jouer le rôle du boyfriend pour la durée du séjour ! Il y rencontre une brochette de joyeux drilles : la famille nombreuse de Natsuki.
Au même moment, un virus informatique surpuissant auquel Kenji n'est pas étranger, frappe OZ et sème la panique dans le monde entier. Il appartient aux deux jeunes et à la famille de mettre fin aux agissements du virus.
Sur cette toile (!) Mamoru Hosoda va peindre la fable sociale la plus originale de ces dernières années.
Tout d'abord parce que son film se situe à la croisée de chemins en apparence inconciliables : Paprika de Satoshi Kon, et les films de Yasujiro Ozu.
En général quand je dis ça à quelqu'un qui n'a pas vu le film, on me regarde avec des yeux tout ronds genre "WTF??" tant ça parait saugrenu. Et pourtant le cyberpunk le plus débridé made in Studio MadHouse côtoie de longs plans fixes sur une vieillarde pleine de sagesse qui vous scrutent de ses petits yeux malicieux. Et les grandes valeurs familiales et rurales n'oublient pas de vivre avec leur temps, malgré une nostalgie un peu fofolle de grands combats médiévaux.
Summer Wars est à mourir de rire. La scène devant la grand-mère où Kenji doit jurer de prendre soin de Natsuki toute sa vie ou encore celle où Natsuki présente la trentaine de membres de sa famille en dix secondes témoigne d'une grande précision dans la mise-en-scène ( d'autant qu'au terme des aventures, on les connaît vraiment tous ! ).
Les repas sont réjouissants et les combats dans le cyberspace virtuoses. L'affrontement final, au Hanafuda virtuel est emblématique de cette apparente dichotomie tradition/internet qui devient caduque...
Les rebondissements sont légion et la morale finale complètement géniale.
Le plus souvent, quand un film montre une utilisation excessive de l'informatique, c'est pour mettre en garde ( Terminator, Brazil... ) " Attention ! On perd notre humanité ! blah blah blah... "
Or, pour Mamoru, il n'en est rien !
Le film finit par démontrer que quelque soit notre attachement ( ici quasi-maladif ) à une plate-forme internet, nos réactions et solutions à un grave problème sont les mêmes : on met nos différents de côté et on s'entraide pour surmonter les obstacles. Que se soit un tremblement de terre, un tsunami ou un virus informatique, notre humanité ne sera jamais remise en cause. Dans le final du film, la menace se fait physique ( un satellite en chute libre menace de tout péter ! ) mais c'est malgré tout à l'informatique que la famille doit son salut.
Un constat vraiment original, et intelligemment réalisé