L'essai n'est pas transformé. L'effort n'est pas soutenu jusqu'au bout. "Summertime" c'est le film qui avait a priori tout ce qu'il fallait pour emporter l'adhésion et qui pourtant déçoit par on ne sait trop quel truchement. Sur la forme, l'omniprésence de la musique, de cette musique là en particulier (je n'ai rien contre Animal Collective cela dit hein), dessert l'image plus qu'elle ne vient la soutenir. J'ai trouvé que ça ne collait pas; qu'elle était même superflue en ce qu'elle vient parfois gêner la captation de l'émotion d'une scène par le spectateur.
Pour le reste, "Summertime" est un bon petit film indé bien comme il faut sur l'Amérique (rurale) de la lose et tout et tout...sauf que le film survole amplement son sujet. Tout est effleuré sans être réellement approfondi alors que la matière est là, suffisante, consistante. On reste donc à la surface du puissant besoin d'harmonie familiale qu'éprouve Robbie, cette aspiration toute simple à un univers protecteur et réconfortant par la grâce des liens du sang. Si Matthew Gordon s'était saisi avec résolution de cette dimension, l'on aurait pu oublier les quelques travers de l'histoire (genre la ficelle mille fois usée de la rédaction imposée au héros qui permet d'introduire une narration à la première personne). De même, s'il n'est pas nécessairement souhaitable de tout expliciter au spectateur, l'on aurait sans doute apprécié que le film s'attarde un peu plus sur la dynamique des liens unissant les membres de la fratrie. Cela aurait sans doute donné plus de force dramatique au personnage de Lucas, le frère aîné. Mais bref...
Au final, et même si la comparaison n'est pas juste, "Summertime" reste en-dessous de ce que l'on a pu voir dans "Friday Night Lights", série que l'on ne présente plus. Leurs atmosphères sont similaires mais un épisode de FNL renferme beaucoup plus de puissance narrative et émotionnelle qu'une séquence de ce long-métrage. Impossible de ne pas opérer un tel rapprochement de par la proximité du milieu social ou des sentiments évoqués dans les deux œuvres.
Sauf que "Summertime" s'arrête précisément au moment où il aurait dû prendre son envol, délivrer toute sa substantifique moelle, achever de nous saisir aux tripes et au cœur. Reste la frustration d'être passé à côté de quelque chose qui aurait pu être sacrément bien. Comme un goût trop bien connu d'inachevé.