Lorsque le western et le cinéma d’horreur se rencontrent, cela créé un sous-genre dans lequel on pourrait ranger des bobines telles que Near Dark (1987), Ghost Town (1988), Vampire (1998), Vorace (1999) ou encore Bone Tomahawk (2015). Ce ne sont là que quelques exemples, la liste est encore longue et dans celle-ci, on y trouve une petite bobine méconnue des années 80, au casting pourtant éminemment sympathique, mais qui est tombée dans l’oubli alors qu’elle vaut le coup d’œil ne serait-ce que pour son côté ébauche du très cool Daybreakers sorti en 2009. Ce film, c’est Sundown (1989), une comédie horrifique réalisée par Anthony Hickox qui a déjà œuvré dans le domaine du film d’horreur rigolo avec Waxwork. Et en plus, il y a Bruce Campbell dedans, un de mes acteurs fétiches depuis la découverte au début des années 90 de Evil Dead 3. Et allez savoir pourquoi, j’étais passé à côté de ce Sundown. Il était donc temps de rattraper ce retard car bien que le film n’ait pas la réputation d’être un chef d’œuvre, on le dit très agréable et il a même acquis au fils des années un petit statut de film culte.
Bien qu’il se déroule à l’époque moderne, enfin, la fin des années 80, Sundown reste complètement ancré dans l’univers des westens, de l’iconographie à la musique qui pourraient sortir d’un film de Sergio Leone ou de Corbucci. On a des duels au revolver, des personnages qui se déplacent à cheval, des tenues vestimentaires très cowboy, une prison de ville à l’ancienne, … Tout ceci donne vraiment l’impression de se trouver devant un western de la belle époque et bien qu’on sente que Anthony Hickox n’avait pas un budget faramineux pour le film, il fait preuve d’une certaine créativité. L’histoire du film va se situer dans la petite ville de Purgatory qui a été achetée et remodelée par le conte Mardulak, un vampire très ancien et très puissant, pour offrir un refuge à ses congénères. Essayant de rester civilisés et de se débarrasser petit à petit de leur soif de sang humain, ils ont construit une usine spécialisée dans l’hémoglobine synthétique afin de se nourrir autrement qu’en tuant et en buvant des humains. Malgré leurs efforts, certains habitants ne supportent pas le refus de sang humain frais et chaud et une révolte commence à naitre. Le scénario de John Burgess et Anthony Hickox s’amuse clairement avec la mythologie vampirique et si les standards sont tous là, ils sont souvent détournés gentiment. Le soleil, par exemple, n’est plus réellement un problème grâce aux progrès de l’ère moderne et des crèmes solaires indice 100. La ville est étudiée pour que les vampires puissent sortir en plein jour : parapluies et parasols à tous les coins de rue, des magasins de chapeaux et de lunettes de soleil (voire de ski), … Bref, une vraie ville de vampires qui tentent de vivre comme lorsqu’ils étaient humains. Bien entendu, des humains vont rapidement faire leur apparition et Sundown va jouer avec les clichés de la cohabitation entre humains et vampires, avec parfois quelques accidents qu’il faut punir car ce n’est pas bien de décapiter un humain qui nous courir sur les nerfs.
Sundown n’est ni très drôle, ni très horrifique, ni très western, mais il arrive à trouver un juste milieu avec ces trois genres et les marie avec une jolie efficacité. L’humour y est bon enfant, les effets gores peu nombreux mais néanmoins sympa, et Hickox tire pleinement parti du paysage et de l’atmosphère de la petite ville pour donner ce rendu westernien. Alors il est clair que les SFX ont un rendu assez kitch, avec ces chauves-souris animées image par image à la façon des poupées de Dolls de Stuart Gordon ou de Puppet Master de David Schmoeller, bien que ça fasse aussi leur charme. Il est clair que les gags sont surtout bon enfant et que cela ne plaira pas à ceux qui s’attendraient à un humour plus noir. Mais pourtant ça fonctionne plutôt bien car le film ne se prend pas au sérieux, les excellents dialogues sont là pour le prouver. On sent ce second degré jusque dans les personnages, en particulier celui interpréter par l’inimitable Bruce Campbell, arborant ici sa plus belle moustache dans le rôle de l’arrière-petit-fils de Van Helsing venu venger son arrière-grand-père. Le personnage ne sert finalement pas à grand-chose dans le film, mais on sent que Campbell est venu faire le couillon, arrivant à être très drôle dans tomber dans le slapstick, et il est à l’origine d’une des meilleures scènes du film. David Carradine est lui aussi très bon, très classe en vampire gentleman qui cherche à vivre en paix. Le casting de manière générale s’en sort avec les honneurs, tout comme la mise en scène de Anthony Hickox qui livre un travail plutôt habile. Il connait les limites de son budget et ne va jamais chercher à aller au-delà. Du coup, les affrontements entre les deux clans de vampires vont surtout être des gunfights, avec explosions, sauts au ralenti, impacts de balles, à mi-chemin entre des séries B d’action de cette époque et les duels au pistolet façon western spaghettis. Le film se termine d’ailleurs avec ce genre de duel, sans doute en hommage au père du réalisateur, Douglas Hickox, décédé en 1988, et à qui le film est dédié.
Bien que certaines intrigues secondaires ne soient pas toujours très intéressantes, Sundown arrive à remplir son contrat de divertissement sans trop de mal et le spectacle proposé est des plus agréables. Et puis en plus, y’a Bruce Campbell.
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-sundown-de-anthony-hickox-1989/